mercredi, décembre 10, 2008

La fête









Il faisait gris. Il faisait chaud dans les cœurs.

Les portraits de famille, les rires des enfants, la petite dernière, mon regard vacillant derrière l’objectif, dissimulant un soupçon d’émotion.

L'autre risque de me lire et de pleurer encore. Cela m’énerve, l’autocensure.

Ils étaient tous là, autour de cette cheminée dont j’ai mis tant d’effort à attiser le feu. On s’est quitté avec les mêmes rires. On n’aura probablement pas l’occasion de se retrouver tous de sitôt.

C’était beau, la fête, les retrouvailles.

mardi, décembre 09, 2008

« Bonjour tristesse » - Page 57, phrase 1

« A l’entendre, j’avais l’impression que mon veto aurait pu empêcher le mariage de deux adultes »
Bonjour tristesse – Françoise Sagan

Cette voix intérieure qui me disait narquoise que l’aumône ne peut être faite à l’ingrat. On donne pour recevoir, surtout ! La grandeur d’âme, la clémence, l’altruisme et cet autre Erasme faisant de mon credo l’humanisme, ne sont finalement que balivernes d’une autre époque.

Je ne m’empêcherai donc aucun veto, pas l’ombre d’une mansuétude crétine, des bribes d’oubli par ci par là, peut être, tout au plus.

Je dirais donc non devant le curé se curant le nez dans une posture anodine, avec mon grand sourire détaché, mon visage angélique narguant les démons en moi pour les faire ressortir en rires sereins, en vent relevant mes robes larges sous le soleil de novembre.

Qui suis-je donc ? Qui suis-je pour avoir tant de pouvoir sur la destinée de ces deux adultes démunis de volonté, d’envie de meurtre ?

Ils auraient du tuer l’ingrate en moi il y a belle lurette. Ils auraient du s’enfuir vers la clarté du matin au lieu de se jeter têtes baissées dans l’engrenage de ma bassesse.

Au gré de mes humeurs je les fais naviguer dans un monde de doutes, un monde salvateur donc. Le savent-ils ?

Qui suis-je, tiens ?

Je ne répondrais jamais à cette question, parce que, de un je ne me permets pas de le savoir, et de deux…ça ne concerne que moi. Cet autre moi, insaisissable !

Le veto, je le leur ferais subir, sans regrets, sans bonté dérisoire.

L’oublie, ils devraient le chercher dans ces cahier d’écolière où je narrais pendant de longues années, la même histoire, toujours les mêmes scènes et les mêmes premiers regards de mon amour déchu…de mon histoire quelconque.

jeudi, décembre 04, 2008

Halfaouine




Je m’en suis rappelé hier, au détour d’une discussion sur l’abstrait, le palpable, le libre arbitre, la liberté, le libertinisme, le hammam, les oiseaux sur les terrasses de Halfaouine…

La discussion avait frôlé le réel, le rêve, le pire en soit, le meilleur qu’on atteint presque jamais.

Au réveil ce matin, je garde l’envie de chanter…3ousfour Assat7.

samedi, novembre 29, 2008

Billet à Lily

Ma petite compatriote,
M'est avis que veniez ce soir
Frapper à ma porte et me voir.
Ô la scandaleuse ribote

De gros baisers et de petits
Conforme à mes gros appétits?
Mais les vôtres sont si mièvres?
Primo, je baiserai vos lèvres,

Toutes, c'est mon cher entremets,

Et les manières que j'y mets,
Comme en tant de choses vécues,
Sont friandes et convaincues!

Vous passerez vos doigts jolis
Dans ma flave barbe d'apôtre,
Et je caresserai la vôtre.
Et sur votre gorge de lys,

Où mes ardeurs mettront des roses,
Je poserai ma bouche en feu.
Mes bras se piqueront au jeu,
Pâmés autour de bonnes choses

De dessous la taille et plus bas.
Puis mes mains, non sans fols combats
Avec vos mains mal courroucées
Flatteront de tendres fessées

Ce beau derrière qu'étreindra
tout l'effort qui lors bandera
Ma gravité vers votre centre.
A mon tour je frappe. Ô dis: Entre!

Billet à Lily – Paule Verlaine


Entre dans mon âtre et brûle tes ardeurs à mon encens. Oublie que dans les temps anciens tu fus homme à ne pas en sortir, celui qui rame et mène, celui qui détient le secret du tempo et les clés des palais inhabités.

Les limites du ciel je ne connais point. J’ai atteint le firmament par deux fois, une quand tu as brulé les ailes de l’ange déchu, la deuxième quand, par mégarde tu es rentré dans la conscience de l’autre moi, dans mon parallèle que jamais je ne croiserais à l’infini.

Tu es absous de ma colère et des gémissements de mon corps. Tu es enterré sous une nappe de feuilles blanches et tes traces, cicatrisantes, sous des bandages à fleur de rose. Mais alors cette volonté ?

Une chimère des temps moderne, crédo de celui qui se croyant à l’abri d’un présent célère, fait durer le plaisir, une, deux fois…

Ce vin qui coule dans mes veines en est témoin, du chien qui aboie en toisant les fantômes de mon passé, de la vipère glissant en douce dans mon lit défait, du beurre ronce que je n’aime point mais consomme pour la gloire.

Cette pluit diluvienne et son vent déracinant mes bougainvilliers, en sont témoins, de l’été désuet qui nargue mon hiver, des mille-feuilles au chocolat dégustant ma langue séchée, de ce rêve inachevé de voyages sur la route de la soie.

Rimailler ? Tu rêves !

Du pays des rimes, je suis tsarine sans peuple. De celui des gouffres, je suis Anubis.

Je mène la barque pour faire échouer mes morts élus sur les rives d’un autre monde nouveau, pour faire couler le sang bleu de mes aïeux sur mes lettres de noblesse…et faire renaitre les regrettés défunts dans un poème de Verlaine.

mardi, novembre 25, 2008

Violentée













Pour toutes celles qui auraient, un jour, subit une violence….


Je n’ai jamais voulu y croire. J’ai eu le malheur de vivre assez longtemps pour le sentir…sur mon propre corps.

« Je suis une femme battue et mon mari me bat régulièrement. »

Il parait qu’il y a des groupes de thérapie où des femmes répètent de la manière la plus anodine ces mêmes mots.

C’est absolument absurde de se sentir le courage de dire de tels mots mais de ne pas avoir celui de se défendre. Et pourtant il y a cette force mystérieuse qui fait qu’une femme battue demande à l’être davantage au moment même du châtiment corporel pour devenir une martyre. Une martyre de l’amour ou alors simplement une victime approuvée.

Il y a forcément dans l’esprit humain cette envie de recevoir la compassion des autres, leur regrets ou alors l’envie de les abaisser à l’état animal pur où la suprématie de la force physique prend le dessus sur toute forme d’intelligence.

La première fois qu’il m’a battu, je n’en garde pas un souvenir très clair. Mon esprit était dans un nuage de terreur et mes yeux baignaient dans des larmes salées au gout aigre d’un vaisseau éclaté.

La deuxième fois, je voulais me défendre, faire valoir ma propre force, mais le poids de sa lourde main sur mon visage décomposé ôta toute sensation du monde extérieur, seule persistait une douleur interne qui envahit subitement mon cœur. Mon âme souffrait et mes yeux n’avaient plus qu’un torrent de larmes pour faire couler la douleur.

Une douleur que je ressens encore aujourd’hui au seul souvenir de ces moments atroces.

La troisième et dernière fois, je me défendis avec toute la force que pouvait me permettre mon corps frêle et les blessures qui continuaient à affaiblir tout mon être. Je me battis cependant avec une force qu’il ne pouvait soupçonner, une résistance qui le laissa coi.

Je l’ai frappé avec toute cette ire qui mugissait en moi depuis la première fois. Je m’étais vengée par la force physique pour qu’on soit enfin quitte. Cela m’a soulagé.

Je pensais que c’était fini, mais je m’étais leurrée. Rien ni personne ne pouvait arrêter cette déflagration de haine et de mépris qui grandissait en nous et guidait nos pas. Rien en définitif ne pouvait muer les sentiments de passion destructrice qu’on éprouvait l’un envers l’autre.

« Je suis une femme battue et mon mari me bat toujours d’une manière encore plus atroce »

Je continue de le dire en dépit des années qui passent, malgré toutes les résolutions que j’ai prises, que je continue de prendre, de le quitter une fois pour toute.

Je continue à souffrir en silence des fois, souvent en laissant ressortir toute la colère qui ne cesse de s’emparer de mon être, jadis calme et délicat.

Je ne trouve plus d’issue à cette impasse qui torture mes jours. Il est des fois, quand le désespoir m’envahi avec la force d’un torrent déchaîné, la seule solution qui s’offre à mon esprit brimé est de mettre fin à mes jours. Je me ravise rapidement en sentant en moi monter la douleur que ressentiront mes enfants, leur amertume et leur colère qui risqueraient de les fâcher définitivement avec la vie.

J’aimerais tant pouvoir effacer les traces de ses mains sur mon corps et ceux de tous les mots, les siens, qui ont un jour souillé ma dignité.

Je voudrais tellement retrouver le répit, donner à mes sens un moment de rémission, un seul instant de paix. Je reste continuellement aux aguets. Une peur immaîtrisable me saisi à la vue d’un autre corps s’approchant du mien et les pires cauchemars ne me quittent ni de jour ni de nuit. Je suis épuisée de devoir calculer à chaque instant mes pas, mes mots, mes gestes, pour éviter une colère subite chez lui.

J’ai constamment peur de devoir lui faire face, voir et entendre les pires injustices à l’égard de ce fantôme d’être humain que je suis devenue par l’usure, les larmes, les cris, les crises de nerfs…

Fuir ou continuer de subir ? C’est la question que je ne cesse de me poser à longueur de journée. C’est ce cauchemar perpétuel qui ne cesse de briguer toute mon existence.

Je suis fatiguée de devoir tous les jours que Dieu fait ne penser qu’à une seule chose…comment faire pour ne plus être battue par un mari que je n’arrive pourtant pas à abhorrer et à chasser de mes rêves de bonheur.

lundi, novembre 17, 2008

Mon engrenage









Le faire immerger dans mon monde ou le garder loin de mon quotidien. Entre les deux mon choix est déjà fait.

Comme pour tout ce qui n’est pas moi, le monde qui m’entoure, lui et tous ses semblables devront désormais se contenter de mes excès de générosité, tout au plus.

A quoi bon donner de son être, de ses rêves et de ses réflexions les plus profondes à une personne qui n’en a cure ? A quoi bon voir se refléter dans les yeux des autres sa propre image métamorphosée alors qu’une simple glace, une méditation au fond de soi, nous renvoi la vérité, crue, désenchanteresse certes, mais Ô combien réelle.

L’éloigner pour qu’il aspire à me connaitre réellement, moi et non ce qui fait mes jours et mes nuits. L’éloigner pour qu’il comprenne enfin comment par ce seul engouement que j’ai pour la vie, j’en arrive à en faire une existence.

L’aimer ? Loin de moi cette idée. On n’est, certes, jamais maitre de ses sentiments, mais je sais que je ne l’aimerais point. Je ne lui offrirais ni mon cœur, ni les battements qui régénèrent mes rêves, pour la simple raison que c’est bien elle qui règne désormais sur ma vie. Celui qui saura me faire insurger contre elle, ma raison, mon intelligence, obtiendra son salut et mon cœur en offrande.

Je lui offrirais cependant mon présent, ou ne serait-ce que des parcelles de ce beau cadeau qu’est le moment. Avec toute la puissance de mon être et la sincérité des sensations, la profusion du désir et l’ardeur des sens, je le laisserais goutter au flux de bonheur que mes papillons, mes ailes flamboyantes de lumière terrestre, jetteraient sur ces jours pour les inonder de petits instants de bonheur.

Il devrait oublier l’amour, ce mot magique qui n’a peut être de substance que dans nos illusions de jeunesse, pour se noyer corps et âme dans le bonheur de la complicité et ce qu’elle fait naitre en nous, amitié, respect, joie partagée et sourires sincères décochés à la face insidieuse du monde.

Je voudrais lui faire cette confidence, sans le froisser, sans lui ôter l’espoir qui fait jaillir les mots d’amour au clair de lune.

« Mon ami, mes certitudes de jeunesses s’étant effritées comme des feuilles mortes l’automne arrivant, je ne garde qu’une seule conviction. Je n’ai jamais aimé homme, j’ai toujours aimé l’amour et sa dépendance, l’amour et les incendies qu’il fait fuser au fond de mon âme, cherchant éperdument des sensations fortes, des séismes à l’échelle de tout mon être. Heureusement d’ailleurs, car cela voudrait dire une seule chose, j’ai encore de beaux jours devant moi à croquer la vie, sans jamais sombrer dans les regrets. Sans me nourrir de ce qui fut ou aspirer à ce que pourrait m’apporter un futur incertain.

Aujourd’hui, tu es l’élu de cette raison qui aspire au bonheur du partage, fais en bon usage. »

mercredi, octobre 29, 2008

Ecrire

Une entreprise tortueuse qui me plonge souvent dans un effroi abominable. J’ai peur de ces mots qui défilent sans que je puisse les maitriser, peur de la suite incohérente des idées qui me fait parfois m’aventurer sur des chemins intérieurs, des sentiers sombres qui me révèlent à moi-même des secrets que je m’obstine à celer à jamais dans des oubliettes inaccessibles.

Et pourtant je continue à me laisser aller à ce tendre cheminement vers l’inconnu. Je continue à aimer les mots qui se pressent à jaillir de nulle part et le bruit du cliquetis insensé de mon clavier.

Et cette Waaayli qui ne cesse de m’émouvoir, de me provoquer, de me narguer avec ses grands yeux noirs, pour me pousser à mes extrêmes, faire naitre en moi l’envie de reprendre un crayon pour calligraphier des mots insensés sur des feuilles volantes.

Et cette envie incommensurable de toujours créer, inventer, laisser mon imagination vagabonder au gré des humeurs et de la météo. Un soleil scintillant pour m’inspirer des poèmes d’amour, l’automne qui arrive en emportant mes illusions avec ses tourbillons de colère, l’hiver pour danser des valses ravageuses avec une mie, une muse farfelue, le printemps pour chanter la brise matinale et mon soleil estival qui me revient pour faire rajeunir la face du monde.

dimanche, octobre 26, 2008

Smooth operator



Et de son corps je ferais une flamme à tout jamais revivifiée par mon seul souffle caressant le lobe de son oreille.

Et de ce cœur froid, gelé par tant d’années de plaisirs faciles, je ferais un brasier à nourrir tous les jours de troncs d’arbres secs et d’un brin d’amour.

Et de sa vie, un long fleuve, tranquille? Non, mouvant tel un dragon déchainé à la recherche d’une source d’eau.

Et de ses rêves, je ferais mon show, tantôt danseuse nue se trimballant entre les tables d’un cabaret, tantôt figurine voilée de marionnettes perses.

Et de ses mots, une chanson, une complainte, une lettre inconditionnelle accrochée, péniblement, au mur de mes lamentations.

Et de sa soi-disons légendaire obstination, une preuve d’amour qu’il m’offrirais chaque jour en jouant des sérénades sous mon balcon.

Mon boy, mon smooth operator, je le mettrais sur une étagère et le regarderais tous les jours me prier avec des yeux plein d’amour.

samedi, octobre 25, 2008

Le sertisseur de la Place Vendôme (Fin)










La vendeuse me jetait des regards incendiaires, et mon pauvre grec, pris comme par une épilepsie, convulsait ostensiblement. Je me contentai alors de lui offrir mon sourire le plus angélique en le regardant à travers des paupières mi-closes, avant de lui susurrer : « Je voudrais vous voir à l’œuvre !»

Un plaisir énorme se saisit de moi quand je vis son visage se muer et ses formes devenir de plus en plus manifestes. Il devint tout cramoisi à l’idée que ses bijoux à lui soient aussi visibles que ceux exposés dans les vitrines, mais se contint en répondant :

« Je vous montrerais avec grand plaisir comment j’arrive à amadouer une vulgaire pierre pour faire ressortir son éclat…en faire un bijou. »

Il était tout de même intelligent…à ma grande surprise !

Ses yeux irradiaient un feu exaltant. Il suffirait qu’il me prenne la main pour que je le suive au bout du monde. Je le suivis, à travers les rues de Paris, la foule qui déambulait insouciante, ignorant la boule de feu qui, en lui, se consume et l’envie de voler qui me faisait presque planer.

On a atterrit à l’atelier. Jour de congé. On était seuls, on était beaux et humains.

A peine m’a-t-il dénudée, lui-même étant déjà tout nu, exaltant une force et une puissance telles que j’eu une immense envie de l’assommer avec le plus rude des amours, que je m’exclamais, béate devant tant d’ardeur.

« Je veux vous voir à l’œuvre »

« Maintenant ? Dans cette tenue et en contenant tant de désir ? »

« Pourquoi pas ? Voyons ce que ça pourrait donner sur une pierre fine ! »

Il se mit au travail. Implacable, ses yeux ne quittaient plus sa pierre et ses mains étaient tantôt dures et fermes, tantôt languides et hésitantes. Il maniait la pierre avec tant d’art et de cœur que j’en étais émue. Je voulais subitement devenir pierre moi-même, m’offrir à ses mains, à la chaleur ambiante, fondre et renaitre une autre, plus belle, plus précieuse.

Il fut tellement pris par son minutieux travail qu’il ne remarqua rien…

J’étais déjà loin de l’atelier, sur les bords de la Seine, quand je m’arrêtais enfin pour respirer l’air frais du soir. Un sourire aux les lèvres, des yeux embués de larmes de joie et de contentement et mes doigts qui tremblais en serrant l’aigue-marine, bleue comme mes yeux, comme le bleu des cieux.

Il garda pendant longtemps ce bout de papier chiffonné qu’il trouva à ses pieds, une fois son œuvre finie.

« Mon bel homme, tu m’aurais volé une parcelle de mon cœur à la vue de tes beaux yeux alanguis. Je me saisi du fruit de ton art, ce que tu as de mieux à offrir, car j’en suis sure, tu renfle comme une cheminée et une fois tes yeux fermés tout le charme s’envole.

Continu à manier tes pierres précieuses, et moi à cultiver en mon for intérieur l’image d’une perle qui nait, grandi et s’embelli, dans les fonds de l’océan. »

jeudi, octobre 23, 2008

Le sertisseur de la Place Vendôme - 1













Photo by Christian MALLET

D’un pas hésitant je rentrais dans cette joaillerie de luxe sise Place Vendôme. Un air frais s’en était échappé quand une jeune femme richement habillée en était sortie, toute ravie de ses emplettes. Cet air revivifiant qui contrastait avec la chaleur ambiante de Paris au mois d’Aout, m’insuffla l’idée de m’aventurer sur le pas d’une des plus belles enseignes de Paris. La vitrine, élégamment, affichait quelques belles œuvres d’art qui me donnaient le tournis à leurs éclats saisissants et m’invitaient à la découverte.

Je franchis, enhardie par un courage que je ne me connaissais point, le pas de la boutique et tombais net sur une vendeuse, des plus snobs, qui me regardait avec un air narquois, comme pour dire « que fait cette fille défraichie dans notre tendre fraicheur ambiante ? ».

Je n’ai nullement donné suite à son regard scrutateur et me suis avancée comme si elle devenait subitement transparente. Je marquais alors une pause devant une belle bague sertie d’une aigue-marine de toute beauté. Son bleu pur ressemblait à celui que reflète la mer à l’entrée de la grotte bleue de Capri par un soleil resplendissant.

« Je parie que la couleur de vos yeux a son bleu si ce n’est le bleu des cieux » chuchota une voix douce de derrière mon cou.

Son souffle chaud jouait des quelques mèches collées, de sueur, derrière mon oreille, et le timbre de sa voix au mot ‘cieux’ avait la résonnance d’une chanson d’automne.

Je me retournais, doucement, langoureusement presque, comme une femme qui se réveille sur un ‘bonjour amour’ prononcé par son amant, l’enlaçant de tout son corps.

Ses yeux sombres, son beau visage halé, ses cheveux noirs, son expression profonde, lui donnaient l’air d’un mythique méditerranéen, un grec.

« Je regarde cette pierre avec des yeux incolores. Ils sont de quelle couleur à votre avis, mes yeux ? »

« Ils sont très beaux »

Je souris et affronte son regard longuement, lascivement, amoureusement, avant d’éclater d’un rire sonore en lui prenant subitement les mains.

Il avait l’air surpris mais ravi, et il attendit…

« Elles sont douces vos mains »

« Je suis sertisseur de métier et de vocation »

« Dommage alors ! A manier ces pierres précieuses à des températures insoutenables, vous ne pouvez sentir mes mains brûlantes ! »

« Je peux néanmoins sentir leurs effleurements quand elles insistent… »

Et c’est là que j’appuyai subtilement, délicatement sur ses doigts fins avant de les prendre un à un dans ma bouche pour les lécher…

 
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