samedi, novembre 29, 2008

Billet à Lily

Ma petite compatriote,
M'est avis que veniez ce soir
Frapper à ma porte et me voir.
Ô la scandaleuse ribote

De gros baisers et de petits
Conforme à mes gros appétits?
Mais les vôtres sont si mièvres?
Primo, je baiserai vos lèvres,

Toutes, c'est mon cher entremets,

Et les manières que j'y mets,
Comme en tant de choses vécues,
Sont friandes et convaincues!

Vous passerez vos doigts jolis
Dans ma flave barbe d'apôtre,
Et je caresserai la vôtre.
Et sur votre gorge de lys,

Où mes ardeurs mettront des roses,
Je poserai ma bouche en feu.
Mes bras se piqueront au jeu,
Pâmés autour de bonnes choses

De dessous la taille et plus bas.
Puis mes mains, non sans fols combats
Avec vos mains mal courroucées
Flatteront de tendres fessées

Ce beau derrière qu'étreindra
tout l'effort qui lors bandera
Ma gravité vers votre centre.
A mon tour je frappe. Ô dis: Entre!

Billet à Lily – Paule Verlaine


Entre dans mon âtre et brûle tes ardeurs à mon encens. Oublie que dans les temps anciens tu fus homme à ne pas en sortir, celui qui rame et mène, celui qui détient le secret du tempo et les clés des palais inhabités.

Les limites du ciel je ne connais point. J’ai atteint le firmament par deux fois, une quand tu as brulé les ailes de l’ange déchu, la deuxième quand, par mégarde tu es rentré dans la conscience de l’autre moi, dans mon parallèle que jamais je ne croiserais à l’infini.

Tu es absous de ma colère et des gémissements de mon corps. Tu es enterré sous une nappe de feuilles blanches et tes traces, cicatrisantes, sous des bandages à fleur de rose. Mais alors cette volonté ?

Une chimère des temps moderne, crédo de celui qui se croyant à l’abri d’un présent célère, fait durer le plaisir, une, deux fois…

Ce vin qui coule dans mes veines en est témoin, du chien qui aboie en toisant les fantômes de mon passé, de la vipère glissant en douce dans mon lit défait, du beurre ronce que je n’aime point mais consomme pour la gloire.

Cette pluit diluvienne et son vent déracinant mes bougainvilliers, en sont témoins, de l’été désuet qui nargue mon hiver, des mille-feuilles au chocolat dégustant ma langue séchée, de ce rêve inachevé de voyages sur la route de la soie.

Rimailler ? Tu rêves !

Du pays des rimes, je suis tsarine sans peuple. De celui des gouffres, je suis Anubis.

Je mène la barque pour faire échouer mes morts élus sur les rives d’un autre monde nouveau, pour faire couler le sang bleu de mes aïeux sur mes lettres de noblesse…et faire renaitre les regrettés défunts dans un poème de Verlaine.

mardi, novembre 25, 2008

Violentée













Pour toutes celles qui auraient, un jour, subit une violence….


Je n’ai jamais voulu y croire. J’ai eu le malheur de vivre assez longtemps pour le sentir…sur mon propre corps.

« Je suis une femme battue et mon mari me bat régulièrement. »

Il parait qu’il y a des groupes de thérapie où des femmes répètent de la manière la plus anodine ces mêmes mots.

C’est absolument absurde de se sentir le courage de dire de tels mots mais de ne pas avoir celui de se défendre. Et pourtant il y a cette force mystérieuse qui fait qu’une femme battue demande à l’être davantage au moment même du châtiment corporel pour devenir une martyre. Une martyre de l’amour ou alors simplement une victime approuvée.

Il y a forcément dans l’esprit humain cette envie de recevoir la compassion des autres, leur regrets ou alors l’envie de les abaisser à l’état animal pur où la suprématie de la force physique prend le dessus sur toute forme d’intelligence.

La première fois qu’il m’a battu, je n’en garde pas un souvenir très clair. Mon esprit était dans un nuage de terreur et mes yeux baignaient dans des larmes salées au gout aigre d’un vaisseau éclaté.

La deuxième fois, je voulais me défendre, faire valoir ma propre force, mais le poids de sa lourde main sur mon visage décomposé ôta toute sensation du monde extérieur, seule persistait une douleur interne qui envahit subitement mon cœur. Mon âme souffrait et mes yeux n’avaient plus qu’un torrent de larmes pour faire couler la douleur.

Une douleur que je ressens encore aujourd’hui au seul souvenir de ces moments atroces.

La troisième et dernière fois, je me défendis avec toute la force que pouvait me permettre mon corps frêle et les blessures qui continuaient à affaiblir tout mon être. Je me battis cependant avec une force qu’il ne pouvait soupçonner, une résistance qui le laissa coi.

Je l’ai frappé avec toute cette ire qui mugissait en moi depuis la première fois. Je m’étais vengée par la force physique pour qu’on soit enfin quitte. Cela m’a soulagé.

Je pensais que c’était fini, mais je m’étais leurrée. Rien ni personne ne pouvait arrêter cette déflagration de haine et de mépris qui grandissait en nous et guidait nos pas. Rien en définitif ne pouvait muer les sentiments de passion destructrice qu’on éprouvait l’un envers l’autre.

« Je suis une femme battue et mon mari me bat toujours d’une manière encore plus atroce »

Je continue de le dire en dépit des années qui passent, malgré toutes les résolutions que j’ai prises, que je continue de prendre, de le quitter une fois pour toute.

Je continue à souffrir en silence des fois, souvent en laissant ressortir toute la colère qui ne cesse de s’emparer de mon être, jadis calme et délicat.

Je ne trouve plus d’issue à cette impasse qui torture mes jours. Il est des fois, quand le désespoir m’envahi avec la force d’un torrent déchaîné, la seule solution qui s’offre à mon esprit brimé est de mettre fin à mes jours. Je me ravise rapidement en sentant en moi monter la douleur que ressentiront mes enfants, leur amertume et leur colère qui risqueraient de les fâcher définitivement avec la vie.

J’aimerais tant pouvoir effacer les traces de ses mains sur mon corps et ceux de tous les mots, les siens, qui ont un jour souillé ma dignité.

Je voudrais tellement retrouver le répit, donner à mes sens un moment de rémission, un seul instant de paix. Je reste continuellement aux aguets. Une peur immaîtrisable me saisi à la vue d’un autre corps s’approchant du mien et les pires cauchemars ne me quittent ni de jour ni de nuit. Je suis épuisée de devoir calculer à chaque instant mes pas, mes mots, mes gestes, pour éviter une colère subite chez lui.

J’ai constamment peur de devoir lui faire face, voir et entendre les pires injustices à l’égard de ce fantôme d’être humain que je suis devenue par l’usure, les larmes, les cris, les crises de nerfs…

Fuir ou continuer de subir ? C’est la question que je ne cesse de me poser à longueur de journée. C’est ce cauchemar perpétuel qui ne cesse de briguer toute mon existence.

Je suis fatiguée de devoir tous les jours que Dieu fait ne penser qu’à une seule chose…comment faire pour ne plus être battue par un mari que je n’arrive pourtant pas à abhorrer et à chasser de mes rêves de bonheur.

lundi, novembre 17, 2008

Mon engrenage









Le faire immerger dans mon monde ou le garder loin de mon quotidien. Entre les deux mon choix est déjà fait.

Comme pour tout ce qui n’est pas moi, le monde qui m’entoure, lui et tous ses semblables devront désormais se contenter de mes excès de générosité, tout au plus.

A quoi bon donner de son être, de ses rêves et de ses réflexions les plus profondes à une personne qui n’en a cure ? A quoi bon voir se refléter dans les yeux des autres sa propre image métamorphosée alors qu’une simple glace, une méditation au fond de soi, nous renvoi la vérité, crue, désenchanteresse certes, mais Ô combien réelle.

L’éloigner pour qu’il aspire à me connaitre réellement, moi et non ce qui fait mes jours et mes nuits. L’éloigner pour qu’il comprenne enfin comment par ce seul engouement que j’ai pour la vie, j’en arrive à en faire une existence.

L’aimer ? Loin de moi cette idée. On n’est, certes, jamais maitre de ses sentiments, mais je sais que je ne l’aimerais point. Je ne lui offrirais ni mon cœur, ni les battements qui régénèrent mes rêves, pour la simple raison que c’est bien elle qui règne désormais sur ma vie. Celui qui saura me faire insurger contre elle, ma raison, mon intelligence, obtiendra son salut et mon cœur en offrande.

Je lui offrirais cependant mon présent, ou ne serait-ce que des parcelles de ce beau cadeau qu’est le moment. Avec toute la puissance de mon être et la sincérité des sensations, la profusion du désir et l’ardeur des sens, je le laisserais goutter au flux de bonheur que mes papillons, mes ailes flamboyantes de lumière terrestre, jetteraient sur ces jours pour les inonder de petits instants de bonheur.

Il devrait oublier l’amour, ce mot magique qui n’a peut être de substance que dans nos illusions de jeunesse, pour se noyer corps et âme dans le bonheur de la complicité et ce qu’elle fait naitre en nous, amitié, respect, joie partagée et sourires sincères décochés à la face insidieuse du monde.

Je voudrais lui faire cette confidence, sans le froisser, sans lui ôter l’espoir qui fait jaillir les mots d’amour au clair de lune.

« Mon ami, mes certitudes de jeunesses s’étant effritées comme des feuilles mortes l’automne arrivant, je ne garde qu’une seule conviction. Je n’ai jamais aimé homme, j’ai toujours aimé l’amour et sa dépendance, l’amour et les incendies qu’il fait fuser au fond de mon âme, cherchant éperdument des sensations fortes, des séismes à l’échelle de tout mon être. Heureusement d’ailleurs, car cela voudrait dire une seule chose, j’ai encore de beaux jours devant moi à croquer la vie, sans jamais sombrer dans les regrets. Sans me nourrir de ce qui fut ou aspirer à ce que pourrait m’apporter un futur incertain.

Aujourd’hui, tu es l’élu de cette raison qui aspire au bonheur du partage, fais en bon usage. »

 
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