mercredi, décembre 09, 2009

I wanna know what love is

Picasso - Fille devant un miroirElle rentre épuisée d’une longue journée de travail, se coule un bain chaud, assez mais pas trop, et se déshabille.Alors elle se regarde un long moment dans la glace, épie ses cuisses, ses hanches, ses bras… s’affole un moment en constatant l’étendu des dégâts, cette peaux d’orange et ce bide qui prend de jour en jour plus d’ampleur. Une moue de colère ou d’insatisfaction lui tordit le visage un instant et puis elle secoue les épaules et se détourne de son image, oubliant sa contrariété et toutes les résolutions qu’elle était capable de formuler en ces minutes de minutieux examens pour les reléguer aux oubliettes...

samedi, octobre 31, 2009

Morbidus Institut

Une silhouette longiligne, frêle, presque cadavérique, se mouvant telle une feuille desséchée dansant au vent, s’approche du pupitre. Ses lèvres bleues, s’entrouvrant pour laisser s’échapper quelques baragouinages inaudibles, dévoilent une dentition ravagée par des caries et autres dégâts irréversibles, dus probablement à des excès de jeunesse dans les rixes d’un quelconque quartier malfamé. Tout ce qu’il faut pour provoquer cette fatale première – mauvaise- impression D’ailleurs, sa seule apparition suffit à susciter quelques rires incongrus. Des chuchotements étouffés se font entendre ici et là, alors que les plus convenus de l’assistance font un effort monstre pour rester de marbre. Quand il commença son discours avec des excuses confuses après sa presque chute devant le pupitre, les plus...

dimanche, octobre 25, 2009

De la valeur du travail et autres vétilles

Qu’elle est la valeur du travail ? En voilà une question qui m’a longtemps turlupinée. Une question qui me fait me poser plein d’autres. Est-ce une valeur morale ou économique ? Monnayable ou purement métaphysique ? Serait-ce un concept à identité complexe ; reconnaissance sociale, épanouissement de soi, production matérielle ou incorporelle…rémunération, prémunition de la précarité?De ce fait, je me suis longtemps baladée entre les humanistes, les marxistes, les capitalistes, et autres libéraux, tous gratifiant la question elle-même d’une aura philosophique haute en couleurs, confusions et contradictions de tous genres. Je vous épargne les questions plates sur la relation entre valeur et nature du travail. Un travail cognitif aurait-il plus de ‘valeur’ qu’une besogne manuelle ? Encore faut-il...

dimanche, mai 24, 2009

L'été

Il fait chaud dans cette voiture. Je suffoque du manque de fraicheur et ma tête aspire vers un brouillard moins étouffant. J’avais pris la route en espérant oublier cette chaleur qui m’asphyxie tellement elle s’engrène dans chaque petite particule de l’air ambiant. Chaque objet m’entourant me nargue avec un sourire noir, les murs m’encerclent de leur étanchéité indifférente, et les cris de joie des enfants jouant dans la cours de l’immeuble se muent en un vacarme insoutenable. J’ai besoin d’air. Il continue à faire chaud dans cette voiture, combien même la vitesse atteinte donne le tournis, combien même l’air chaud et bruyant s’enlise effrontément par les quatre vitres ouvertes. L’air doux, discret, frais et délicieux me manque. Il est midi. Un midi de désert sur cette route tertiaire reliant...

lundi, mai 18, 2009

Andalusia

Oscar Lopez - Fire And FuryUne soirée flamenco. Ambiance chaude. Sangria et belles danseuses. Guitare espagnole grattée de passion et de doigts espiègles.On s’abandonne, on se donne.Un large lit. Des draps blancs. Une chambre andalouse peinte en rouge. Les rideaux dansent au vent.L’orchestre continue à jouer dans la cours.Nous deux, dans cette chambre au premier étage, continuons à nous abandonner, nous donner.Il appui son corps, hmm ce beau corps, sur un coude et me regarde. La flamme est toujours là. Un scintillement à la célérité de lumière, une fraction de seconde. On évite les regards longs, profonds. Nous n’en avons cure des regards, nos doigts se mêlent déjà, les jambes s’étreignent.La music s’imprègne de la hardiesse ambiante. Le rythme s’accélère. Les mains tapent. Les cordes s’émeuvent...

dimanche, mai 17, 2009

Chaussures...

« Nous nous sommes aimés, âmes et corps. Il est l’aboutissement d’une nuit d’amour et nous en eûmes tant. Tant d’amour que je veux faire fondre cette nuit de lumière blanche comme toutes les autres de mes cris de plaisir. Tant de plaisirs que je veux lui procurer celui d’une naissance dans la reconnaissance.Serais-tu prêt à rendre public ce qui fut notre doux secret ? Voudrais-tu lui donner ton nom ?Je regrette de te l’annoncer ainsi, mais notre enfant git en moi avec la peur de me quitter sans te retrouver. Je ferais en sorte de le lui épargner et de partager son sort…quel qu’il soit !J’ai rendez-vous chez le gynéco pour avorter à 18h. Viens m’en empêcher.»Elle glissa ce billet dans la poche de sa veste, mis ses chaussures du jour pas loin du lit, déposa un tendre baiser sur ses lèvres entrouvertes...

lundi, mai 11, 2009

Couleurs

Mohamed Melihi Elle se mire devant sa glace depuis une bonne demi-heure. Le temps file. Elle risque de rater le transport du personnel, mais qu’à cela ne tienne, elle s’offrira le luxe d’un taxi. Ces couleurs vives lui renvoient une image resplendissante qu’elle ne se connaissait pas. C’est beau, délicat, revivifiant même ! Ses doigts pianotent impétueusement sur ses pommettes fardées. Des caresses espiègles qu’elle s’octroie en renvoyant un large sourire à son propre reflet. Non, décidément le rouge n’est pas le bon choix! C’est pourtant sa couleur préférée. Elle aime à la contempler au coucher du soleil sous ses différents spectres....

vendredi, avril 24, 2009

Photo de famille

Une porte infranchissable me fait face, obturée avec des cadenas rouillés, restés déverrouillés depuis un lustre. Quand je m’apprêtais à quitter cette maison, seule l’envie de fuir était de rigueur. Je n’avais ni souvenirs à regretter, ni meubles à emporter. Je désirais seulement quitter au plus vite les lieux.Aujourd’hui en trainant les pieds devant ces ruines du passé, une seule image me turlupine, la photo de famille restée accrochée sur le mur, seule dans un fouillis de meubles délabrés et quelques verres brisés. Abandonnée avec préméditation, elle s’est longtemps vengée en m’affligeant les pires cauchemars.Je n’ose décadenasser la porte. Je déambule pendant de longues minutes dans le quartier baigné de lumière blafarde, en me remémorant les moindres détails de cette fantomatique image...

Revenir

Elle faisait souvent ce rêve sournois de remonter le fleuve jusqu’à la naissance de la fontaine, à contre courant, précédant les anadromes se ruant dans une course effrénée pour se reproduire, pour qu’adviennent la vie, la création et la déchéance.Elle voulait retrouver les sources du Cocyte, se laisser immerger par les flots des enfers, périr et se muer en une Vénus immortelle, tenter à jamais les mâles pour noyer les larmes salées et ses maux, composer des poèmes pour faire couler, en douce, les mots.Et ses envies de vie et de mort se confondaient, divergeaient, se rejoignaient dans l’infini et faisaient de ses rêves de nuits, de ses fantasmes du jour, une fresque d’images floues, une frasque, un abîme jamais sondé, une brèche sans fond dans les tréfonds de son âme.Et ses courses démesurées...

lundi, avril 20, 2009

Chez le bouquiniste

J’errais sans but précis par cette déconcertante journée printanière. Le temps indécis comme mes pas, valsait entre de fragiles nuages et quelques intrépides rayons de soleil, chatoyant mes jambes, prématurément dénudées.J’aime à être caressée par le soleil. J’abhorre les nuages. Depuis toujours d’ailleurs, mon humeur est sujette aux aléas de la météo. Je n’y puis absolument rien, je reste fondamentalement d’ascendance flammèche.Ma dépendance du soleil, à raconter, pourrait me faire noircir bien des pages, moi qui suis en manque constant d’inspiration, mais là n’est évidement pas le sujet.Je déambulais donc sans but, quand l’envie me saisit d’aller...

dimanche, avril 19, 2009

Welcome to Hell

"Nous avons le grand plaisir de vous convier à notre journée portes ouvertes.Venez munie de vos espoirs et vos rêves enfouis. Tenue non exigée, sauf si vous n’êtes pas épilée.Cordiales salutations. Frankie, Directeur Commercial des Jardins d’Eden-- Go green – Think before you print PS : Joe le taxieur vous attendra aux bords des limbes pour vous conduire à destination."Et dire que je désespérais de la recevoir cette invitation. J’avais eu la vanité de croire un jour que j’allais y avoir droit de facto, puisque j’étais pensante. Eh ben non, rien n’y fait. C’est au moment même que je lâche complètement prise et que je m’associe publiquement...

lundi, mars 02, 2009

غزة 2009

Monsieur Antonio LÓPEZ PEÑA m’a fait le grand plaisir de m’envoyer son poème sur Gaza pour le partager avec les lecteurs de ce blog. Je le publie donc en le remerciant vivement pour sa confiance. Bonne lecture.غزة 2009سَمَّرتم أقدامي للأبدفي هذه الأرض، أمّي وسيّدتيفي هذه الأرض التي خلعتم منيسيبقى دائماً جسدي ستبقى دائما أرضيفي هذه الأرض المنكوبةحيث انتشرَتْ رائحةُ خبزي،وحيث كان أطفالي ينتظرون رجوعي،المقهى والأصدقاء،لم يَبْق لي منهم إلا الحجارةحجارةٌ بلا سوسنٍانظروا إلى ما فعلتم بحقوليحوّلتموها إلى سِجْنٍ حَزينوأفقي المحدود عكّرتموه بالأسلاك الشائكةفأضْحَت سمائي أبواباً مغلقة عيونُ الأمهات منهوكةٌمن كثرة البكاء لم يبق لها دمْعٌ بعد الدخانالدروب والمداخل مغلقةلا أرى مكانا للمستقبلفي هذا اليوم الذي يقتلنا،لم تتركوا لي بيتاً ولو من شعر على هذه الأرض المنكوبةغصنُ زيتون،أشبار من بستان على التل،وسربُ...

vendredi, janvier 09, 2009

Que vaut mon mot?

Que vaut ma solitude ?Que vaut le monde d’ailleurs ?Ma demeure n’est pas ruinesMon âme, elle, git sous ce lesteD’un inconscient furieuxD’un silence traversant mes mursD’une envie de meurtre ou de suicideDe mille autres ires et un rireQue vaut mon ermitage ? Que valent ces arbres dansant au vent ?Mon cœur suffoque sous son poidsL’omertaMon verbe se conjugue au passéGlorieux, Khayyâm, AvicenneSombre, défaite, génocideLimpide, une marre de sangSimple, un insecte qui disparaitQue vaut mon mot orphelin ?Que vaut ma solitude au vent, parmi les Hommes ?Sonnettes, sornettes, soi-disantMa voie, ma voixMon heure est à sa finEt à cette faim des autresEtres conscients, âmes vivantesCris vrais, retour à la sourceL’Homme c’est toiPauvre Homme sur une terre de déch...

mercredi, janvier 07, 2009

L'espoir

Tu te sens impuissante, dégoutée, malade.A force de regarder ce drame pendant toute une vie, tu n’en peux plus. Tu ne veux plus supporter de toiser des enfants démembrés et des visages calcinés. Tu refuses farouchement de regarder les images qui défilent en boucle et tu affronte continuellement le regard des autres qui te disent sans cœur.Qu’il en soit ainsi.Tu voudrais par contre faire quelque chose. Oui agir ! C’est tout aussi simple à dire que de continuer à calmer une conscience pataugeant dans le confort.Tu poses des questions, à toi souvent, et des fois aux autres, sur quoi faire. Tu n’obtiens pas de réponses qui te satisfassent.Certains...

jeudi, janvier 01, 2009

Fragments de songe

Venus - BotticelliDevant l’autel de La femme, elle, l’insaisissable, l’ange démon, le rêve inassouvi…je l’ai vu s’agenouiller, égrener des perles mots à sa seule gloire, effluver son âme pour en faire un parfum nocturne l’embaumant de désirs, crier le plaisir de la rêver, jouir de son absence aux relents d’absinthe. Une nuit qui n’en fini plus, prosterné devant la Venus aux cambrures enchanteresses, bravant l’étoile du nord, louant les ténèbres de son être assoiffé…je l’ai vu se relever, tête toujours baissée, âme perdue entre rêves et fuyante réalité, encrier empli de larmes et répandant ici et là quelques rares émeraudes germant en vers...

 
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