dimanche, septembre 23, 2007

Une histoire quelconque

J’aurais voulu revenir dix ans en arrière et revivre encore cette sensation d’amour inconditionnel.

Il est des moments dans la vie où l’émotionnel ne laisse aucune place au rationnel. Le cœur bat, des fois trop fort, et empêche toute autre résonance dans l’esprit. Ce fut mon cas. Ce fut ma vie il y a une dizaine d’année. Ce fut les plus belles années de cette vie.

Je vécu mes plus belles années d’amour à aimer dans la solitude. L’objet de mon amour langoureux était un homme que j’avais rencontré par une belle soirée d’été.

Ce fut comme une apparition, ou presque.

Je venais à peine de fêter mes quinze printemps. J’étais rêveuse. Toujours à errer dans mes pensées, dans des rêveries où il était surtout question de rencontrer l’homme de ma vie, mon prince, mon poète, mon artiste.

Cette soirée là fut différente. C’était en quelque sorte la dernière de l’été. Les amies de mes sœurs devaient rentrer chez elles. L’été étant terminé, elles rentraient avec leur famille dans leur ville lointaine. L’une d’elle, Nadia, devait rencontrer dans la même soirée son amoureux qui partait également le lendemain. Au début il n’était pas question que je les accompagne. J’étais une adolescente timide alors qu’elles étaient toutes de jeunes filles épanouies. Le hasard en avait décidé autrement. Je suis sortie rencontrer cette belle histoire d’amour qui dura trois ans.

Quand je suis descendue de la voiture, j’ai immédiatement remarqué son beau sourire. Je ne me souviens plus vraiment de la suite des événements. Je tenais à l’époque un journal que j’ai du perdre chemin faisant. La vie est incroyable. Elle emprunte des sentiers tortueux.

- Bonsoir, c’est Adil et toi ?

- Laila.

- Au fait, comme les autres ont décidé de déambuler en couples, il ne te reste que moi pour te tenir compagnie.

Je souris timidement.

- Bien sûr. On va marcher ?

On a marché pendant des heures. On avait discuté de tout et de rien. De nos goûts musicaux, nos lectures, la vie. La vie dont je ne connaissais rien et qu’il avait déjà appris à vivre. J’avais quinze ans, il en avait vingt quatre. Il me souriait.

Je croyais à une nouvelle amitié. J’en avais tant à l’époque. Je ne pouvais croire à de l’amour tellement j’étais idéaliste et réaliste à la fois, rêveuse et consciente que mes rêves ne sont pas sensés se réaliser.

Nos regards je retrouvaient souvent accrochés l’un à l’autre au courant de la soirée. J’étais timide, je frissonnais. Il était un charmeur avéré.

Il me prit soudain la main. Et la jeune fille que j’étais sentait ses jambes osciller. Je me rends compte qu’à ce moment précis de cette histoire, je porte un regard tellement hautain par rapport à toutes ces sensations fortes que j’ai dues ressentir à l’époque. Je suis mesquine, tellement méchante envers celle qui était moi.

Et pourtant je le sais, pour l’avoir écrit des milliers de fois sur des pages blanches, que cette soirée là était l’une des plus belles de ma vie, que pour la première fois j’éprouvais les sensations d’une femme face au destin incertain que présage la rencontre avec un homme dont le sourire la désarme…

Je me suis laissée aller à sa caresse, en silence, comme une prière collective à la quête d’une lévitation au-delà du temps et de l’espace. Un moment particulier que je n’avais jamais réussi à oublier, que dix ans plus tard je me rappelle avec une étonnante netteté ; « un souvenir qui restera gravé dans ma mémoire tel que rien ni personne ne pourra l’effacer » avais-je écrit à l’époque dans ce journal que j’avais fini par perdre. Je me souviens de cette phrase car elle a du être celle que j’ai écrite le plus dans ma vie !

La suite était des plus romantiques. Il pressait doucement sa main sur la mienne à chaque fois qu’il prononçait le mot « toi », qu’il répétait mon prénom « Laila » avec rêverie, qu’il me souriait. Cette soirée fut longue, « ce fut une vie » avais-je encore noté dans mon journal perdu.

Au terme de cette longue balade au bord de la mer…

Tiens c’était au bord de la mer et j’avais oublié de le mentionner. D’ailleurs, cette histoire ne pouvait se passer qu’au bord de la mer !

Ma rencontre avec mon premier amour ne pouvait être qu’au bord de la mer. Cette mer qui m’avait accompagnée dans mes poèmes, dans mes rêves, dans mes balades solitaires et toutes ces oraisons que je chantais au soleil couchant.

Je disais donc au terme de cette longue balade, il était question de rencontrer les autres et de rentrer tous en voiture. Il a préféré prendre place dans la même voiture que moi. Il me tenait dans ses bras, ne lâchait pas ma main et en descendant il m’embrassa au coin de la bouche, me fit un clin d’œil et me dit tout bas : « on va bientôt se revoir, je te le promet ! ».

Il est parti. Je ne l’ai revu qu’après trois ans et il était quelconque. Ces sentiments d’amour profond, d’engouement inconditionné, de fougue fiévreuse que j’ai éprouvé durant trois années de ma vie, étaient quelconques…

5 comments:

Anonyme a dit…

"Il est parti. Je ne l’ai revu qu’après trois ans et il était quelconque"

Elle est surprenante et belle la chute !

Seul l'amour ou la haine donnent un visage à l'autre.

Houdac a dit…

L'amour et la haine sont la joie et la haine accompagnées d'une idée extérieure.
C'est pas moi qui le dit, mais Spinoza. D'ailleurs, je ne sais pas trop s'il faut le croire :)

Anonyme a dit…

Salut ma douce,

Twahchtakkkkkkk...Comment vas-tu toi et ta moitié? A propos, merci encore pour ce moment d'émotion...

Anonyme a dit…

Spinoza a dit beaucoup de choses mais bon passons et restons entre nous houdac ;) il va falloir demander à la mer et au soleil couchant si c'était vraiment une histoire quelconque (je n'aime pas le titre). Les histoires quelconques (???) se multiplient mais il est de celles qui reste gravée dans le marbre de la mémoire de notre coeur.

Joli coup de plume. Léger et détaché tout en étant un point nostalgique de son passé encore récent ;)

Houdac a dit…

Nadia, C'est un plaisir de trouver ton commentaire. Moi aussi twa7echtek :)
Au fait, derdki...je viens de parler de toi!
Et toi, comment vont des 2 moitiés? ;)

Dima, c'était une histoire quelconque parce qu'elle demeure dans les souvenirs sans pour autant provoquer une quelconque sensation! Bon allez, j'ai bien dit que j'étais dure vis à vis de la fille qu'elle était ;)
Merci pour les louanges, ça remonte le moral un bon coup :)

 
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