Une longue absence, des années d’abstinence…
Oui c’est l’abstinence même, une privation forcée pour effacer de ma mémoire les petits détails qui formaient le fleuve de ma vie. Un déluge torrentiel de souvenirs ébranle jusqu’aux derniers petits recoins de mon âme à la seule vue de cette porte.
Que de souvenirs…
Derrière cette porte j’avais vécu les plus heureuses heures de mon enfance, les plus malheureuses circonstances de mon adolescence…Une multitude de tourments, d’éclats de rire, de cris de colère et une effusion de larmes.
Que de souvenirs…
Dans les petites ruelles de l’Oudaya les enfants jouaient sans cesse, les garçons au ballon, les filles à imiter leurs mamans. Je ne me livrais pratiquement jamais à leurs jeux. J’affectionnais particulièrement les moments de solitude silencieuse sous une ombre improvisée. Les ombres dans cet ancestral quartier de Rabat, qui survécu aux intempéries du temps depuis l’époque almoravide où il jonchait les superbes jardin de l’Oudaya, sont d’une aura particulière.
Des ombres naissaient au grès du mouvement du soleil ici et là sans aucune logique. Les petites ruelles dont les mûrs, habillés de bleu ou de blanc, arboraient des lueurs mystérieuses que seules les ombres du soleil torride d’Afrique pouvait dessiner, tantôt se rencontraient, tantôt se séparaient dans des labyrinthes tortueux.
Ô ombres de mon enfance, que vous m’avez manquée !
Viennent ensuite mes premières péripéties d’adolescente. Une joie de vivre et de l’humour à revendre. Je séduisais petits et grands. Ma démarche légère et mon sourire immuable faisaient ébranler plus qu’un. J’eus des prétendants, des amoureux secrets, des envieuses…mais mon cœur demeurait insensible aux regards enflammés des jeunes du quartier, jusqu’à ce jour où, croisant le regard d’un inconnu, mes joues devirent subitement couleur pourpre.
L’amour n’avertit jamais en frappant à notre porte, le malheur non plus.
Il s’appelait Pierre. Jeune étudiant français qui faisait le touriste dans les étroites rues de l’Oudaya. Je ne sais comment il m’avait abordée. Je ne saurais raconter le début de cette relation ravageuse qui me tira sans ménage dans ses sillons.
Mon père l’appris et me fit franchir la porte numéro 13…à jamais !
Père était un homme dur, un bon musulman qui ne pouvait tolérer voir sa fille amourachée d’un mécréant.
Il a eu connaissance, je ne sais par quel moyen, de tous les détails de ma relation avec Pierre. J’avais souillé l’honneur de la famille. Mon père ne pouvait survivre à la vue de sa fille portant en elle l’enfant d’un homme qui n’était pas son mari. Il ne pouvait y avoir réparation puisque l’homme en question était un impie. Mon père préféra alors ne plus me voir, pour… vivre !
Les nuits d’hiver sont terriblement froides dans les ruelles de l’Oudaya, mais le matin apporte une lumière claire, des rais de soleil chatoyants et des ombres solidaires…
J’ai choisi de repasser par cette rue une dernière fois après tant d’années d’absence, pendant un matin d’hivers. J’ai choisi de faire mon dernier adieu à cette porte numéro 13 derrière laquelle mes rêves, mes souvenirs et ces images d’une petite fille aux nattes longues, continuent encore à errer…
21 comments:
excellent récit
qui dégage tellement d'emotion tellement d'émotion que l'on serait tenter de dire que c autobiographique.
j'adore le jeu des mots,la symbolique que tu donne à la porte: exclusion,cette porte symbolise l'exclusion de la famille,la barrière entre 2 mondes,je ne sais pas si on peut considerer le chiffre 13 comme cataphorique dans ton histoire:annonce -t-il le malheur de l'héroine?
en un mot:j'aime,j'ai lu et relu,pour voir est-ce qu'il y a des signes annonçant que l'héroine est heureuse maintenant,c à dire qu'elle ne regrette pas le passé,à part la nostalgie de l'enfance bien sur,mais en aucun moment hache ,tu n'as abordé la situation actuelle,enfin je pense.
félicitation,et bonne continuation
Non mais tu dérailles là ma pauv' fille! on voit que Remdan ou je ne sais quelle tite couleur 9daw 3lik: le hammam c'est dans http://lehammam.blogspot.com !!!
à part si c'est autobiographique évdidement :)
Selma> tu as raison, à aucun moment je n'ai parlé de la situation actuelle pour la simple raison au la fin était précipitée...à un moment les souvenirs deviennent encore plus forts qu'on préfère en finir avec :)
Heu...c'est pas autobiographique ;)
Zwina> fine banou lik stoula et lberma pour parler du Hammam...Et en plus tu sais que je suis doukkalia et que j'ai vécu heureuse me nourrissant de gar3a et de karmouss...donc ça peut pas être autobiographique!
J'ai juste eu envie d'écrire un texte à partir de la photo de la porte...
Aji be3da? 9ili 3lik tite couleur oula...ha mon oreille de toi! :)
Tu as le don Houda.
tu as le sens
tu as les zoreilles
tu as caw caw caw .. cawcaw
tu as zay zay zay .. zayzay
eu as mes zoreilles et tous mes sens
Sais pas quoi dire. Quel billet !
Moi je pense que quand même il y a une part d’autobiographie là-dedans.
Et je vais pas trahir une confidence si je dis que j’ai reconnais dans ce récit, très émouvant, un bout de houdac. Et même un bout de moi-même (de vrai sans langue de bois)
Ah voilà un bon récit .. comme je les aime !!
si une porte n°13 t'évoque tout ceci .. eh bien .. je n'ose imaginer ce que tu serais capable de nous sortir en face d'une porte de .. prison .. Hmmam .. ou je ne sais quoi d'autre
Mes RESPECTS à ton imagination !! ..et MERCI !
je reviendrais ..
Bonne nuit !
Bravo houda, j'acheterais ton premier livre c'est sûr ;-)
Porte,
Pouvoir,
Mosquée,
Joumou3a,
Vendredi,
13. stop.
Coucou
j'ai découverts ton hammam et là je suis tombée à la renverse, tes écrits sont excellents. Et ce post confirme mon impression, à savoir que tu as un don, et à mon avis il ne faut pas le laisser inéxploité car ce serait vraiment dommage pour nous lecteurs :)
Promis si tu édites un Roman ou un recueil de tes nouvelles je serais prenante.
Tbarek allah lik a lala et bonne continuation
wawww tres captivant...en le lisant j'avais envie qu'il se termine pas...et qu'il continue indéfiniment...c sérieux et c trs rare que ca m'arrive en lisant un récit...surtt que ca parle de l'Oudaya que j'aime bcq...ses ruelles, ses couleurs, son café maure...
Les souvenirs on ne peut jamais les fuir...et on trouve toujours du plaisir à se ls rappeler meme les plus durs...
tebarkallah 3la doukkalia wa khlass
je ne sais pas ce que tu fumes en ce moment mais j'en prendrai bien une taffe :) )
kb...pas fumiste
13!
Voila un 13eme comment pour célébrer cette porte n° 13 qui t'as tant inspirée.
>kb, je pense pas qu'elle fume. Elle boit... du 4B2V :)
Laseine> Tes sens aiguisés sont les seuls à pouvoir s'apprêter à ce jeu de devenir miens...Je prends donc et les oreilles et tous les sens...
Larbi> Il y a mes déambulations à la recherche d'ombres dans les rues de l'Oudaya, après un bon thé à la menthe et quelques pages consommées d'un livre de ce sacré ba driss...le tout au café maure, face au fleuve...
Mchicha> une porte de prison sera douloureuse...mais celle d'un hammam en on parlera peut être le jour où il sera fermé ;)
Hanane> tiens une revenante ;) a lalla je te l'offrirai s'il en arrive à (s'en) sortir :)
30six> Un vendredi 13...une porte qui se ferme à jamais...
Mimo> voilà maintenant je suis sûre que mon livre (si livre il y a) sera vendu à 410 exemplaires...ce qui est assez honorable au Maroc. Je t'explique, pendant le dernier blog meeting chacune des 40 personnes présentes avaient promis d'acheter 10 exemplaires...je te rajoute au compte? pourquoi tous ces calculs? eh bien, il faut bien assurer ses arrières ;)
Slix> tu sais que tu m'inspire? allez ouste...files lire le post suivant!!!
Anima> llah yekhalik a ome el 3eyal...j'espère que tu es fière des enfants ;)
KB> Pas grand chose...les gaz d'échappement :)
Houda...échappe use
Kamal> C'est un chiffre porte bonheur ce treize...plus dix.
Dis, on fait comment pour se procurer un 4B2V par les temps qui courent? :)
Je confirme pour le treize plus dix et puis quelle relation a le 4B2V avec les temps qui courent?
Donnes moi d'autres indices, peut-être que je vais finir par lever l'énigme... ;)
Les temps qui courent
Temps des amours
Amours douloureuses
Douleurs hasardeuses
Il n'y a aucune énigme à résoudre...
J'aime bien quand tu fais des phrase comme ça!!! Grandes on dirais un porte qui cache deriere elle l'Histoire.
Alors que c'est juste une petite histoire.
Je garde les clèf alors?
Slix tu me voles mes idées ou quoi? c'est moi qui adore l'oudaya et le café maure (et tiens tu n'as pas parlé des chats qui rodent dedans :-p).. Bref j'adore touuuuuuuuuuuuus les coins du Maroc qui ressemblent à l'Oudaya (Essaouira, Chafchaouen - ma ville préférée-, Assilah etc...)
:-( twehechte lmeghrib lghzal!
Lili, tout le monde adore l'Oudaya et le café maure...et même les chats qui y rodent...on se fait un thé? ;)
C'est ce que je souhaite le plus au monde en ce moment! et l'endroit et la compagnie donnent l'eau à la bouche :-)malheureusement je suis dans l'autre bout du monde grrrrrrrrrrrrrrrrrrr :-(
En été? ;-)
Pourquoi as tu menti en disant que c'était pierre...
allez... dis leur que c'est moi.. l'impie... li makayhchem
ayoub... qui adorait les tresses
Enregistrer un commentaire