dimanche, octobre 25, 2009

De la valeur du travail et autres vétilles

Qu’elle est la valeur du travail ? En voilà une question qui m’a longtemps turlupinée.
Une question qui me fait me poser plein d’autres. Est-ce une valeur morale ou économique ? Monnayable ou purement métaphysique ? Serait-ce un concept à identité complexe ; reconnaissance sociale, épanouissement de soi, production matérielle ou incorporelle…rémunération, prémunition de la précarité?

De ce fait, je me suis longtemps baladée entre les humanistes, les marxistes, les capitalistes, et autres libéraux, tous gratifiant la question elle-même d’une aura philosophique haute en couleurs, confusions et contradictions de tous genres.

Je vous épargne les questions plates sur la relation entre valeur et nature du travail. Un travail cognitif aurait-il plus de ‘valeur’ qu’une besogne manuelle ? Encore faut-il définir cette valeur.

Finalement, un jour alors que j’étais entrain de croupir dans mon lit à cause d’une méchante grippe, j’ai eu subitement une illumination. Des magazines emplissant mes draps, du vin sur la commode - oui je sais, ce n’est pas très conseillé dans pareilles situations, du grignotage malsain, un abandon total et sans contraintes aucunes à toutes les envies d’errances spirituelles et spiritueuses, un pur moment de totale oisiveté, ponctuée par l’absence absolue de réflexions, surtout celles qui s’immiscent souvent dans ma vie sans vergogne…devais-je envoyer le mail à Machin hier ou aujourd’hui ? Il faut revérifier si le forecast du budget tient la route, je l’ai fait il y a un mois ? Oui mais je dois tout de même revérifier ! Et cet entretien avec Big-boss ? Dois-je le baratiner comme je fais d’habitude avec Manitou ?

Bref, de par mon état de santé se détériorant heure après heure et peut être aussi à cause de ce liquide si bon qui réchauffait langoureusement mon corps fébrile, j’étais incapable de me concentrer sur une seule idée qui tienne la route, et de ce fait j’avais complètement oublié toute notion d’utilité, de valeur de soi, d’existence sociale, de moral et autres vertus que je me serais plu à énumérer en état de totale sobriété, sirotant un café avec mon directeur des ressources humaines.

Seule persistait une idée fixe, ravageuse, téméraire ; « Il faut que je m’approvisionne, je n’ai pas de cash…le salaire serait-il passé ou pas encore ? », entre un somme, une rêverie, et l’infime instant de lucidité qui pouvait se profiler entre les deux, je me répétais cette seule phrase avec l’engouement que son résultat réveillait en moi !

« Ce fut comme une apparition ! »

J’aime cette phrase et j’en abuse, mais là n’est pas le sujet.

En effet, le fait que mon cerveau carburait à la seule envie de ‘provisions’, qu’il ne se remettait en état de fonctionnement que pour vérifier le bon fondement d’une rente qu’il avait déjà générée – étant donné que je suis plutôt dans le travail cognitif et que tout ce qui manuel je le garde pour des occasions de purs dévergondages. Tout cela me parut sur le champ comme une jolie découverte…telle cette belle Mme Arnoux sur un banc.

« Elle était assise, au milieu du banc, toute seule ; ou du moins il ne distingua personne, dans l’éblouissement que lui envoyèrent ses yeux. En même temps qu’il passait, elle leva la tête ; il fléchit involontairement les épaules ; et quand il se fut mis plus loin, du même côté, il la regarda. »

L’idée était là devant mes yeux ébahis pour la première fois alors qu’elle avait certainement vécue longtemps dans mon Ça, m’abreuvant de plaisirs de toutes sortes. .

Je suis une néo-mercantile d’un genre spécial, et le travail n’a aucune valeur si ce n’est assurer certains plaisirs devenus monnayables par les temps qui courent. En d’autres termes, j’aurais été Dionysos ou Aphrodite, le travail n’aurait même pas existé comme concept. Il doit toute sa valeur aux possibilités qu’il offre, combiné évidement avec d’autres vertus que la décence m’empêche d’évoquer. Pour les plus puritains, une explication, j’aurais été une laide nonne ou un vieux bossu, je n’en aurai pas eu besoin non plus.

Ici, une clarification s’impose, on ne peut faire du travail l’objet même de ce qu’il peut générer, du plaisir s’entend. Et donc le plus vieux métier du monde n’est en substance que l’anti-travail incarné. Le reste du monde, ceux qui vont philosopher sur la valorisation abstraite de toute forme de travail, générateur ou pas de profits, se leurrent ostensiblement.

Allez, je vous dois tout de même plus de clarté vue que moi-même commence à me perdre dans tout ce charabia. La valeur du travail, cher lecteur, se résume à trois choses essentielles de la vie : Un bon diner, du vin, et des capotes ! Tout ce dont la valeur ne s’apparente pas à cette définition est tout simplement « activité ».

La preuve, les gens riches passent leur temps à faire du sport, de la manucure, la fête et…des activités non lucratives !


PS : vous l’aurez compris…tout ce qui précède ne doit en aucun cas arriver devant les jolis (au cas où) yeux de Big-boss !

3 comments:

Mohamed Saïd a dit…

Ayant réfléchi sur la question, je suis tombé sur une conclusion très simple: On travaille pour pouvoir copuler. Le travail ne sert qu'à acquérir ce que Skinner appelait les "renforçants": nourritures, foyer, tout ce qui peut agrandir notre visibilité auprès de la société et surtout, du sexe opposé: voiture, vêtements de marque, restaurants, forfait téléphone, etc. Dans l'absence d'alternative, le travail reste le seul moyen de gagner de l'argent. Faute d'alternative encore, l'argent reste le seul moyen d'acquérir ces renforçants.

Le travail est bien sûr connotée de manière positive, mais si tous le monde était rentier, je doute que l'humanité s'impose une si lourde activité pour le plaisir, si ce n'était justement pour l'atteindre, par ce biais.

Voilà, c'était le professeur Trèhrelou :-)

Mounir a dit…

Une quantité plus conséquente du liquide cher à notre Alja7id aurait fait un effet plus extrémiste, demander l'abolition de la "valeur du travail" :)
Sérieux, je suis d'une ancienne école de pensée, qui a cru et expérimenté "l'égalité" de la valeur du travail à travers la notion de l'Etat tout puissant qui distribuait uniformément le revenu et imposait le travail. Lorsqu'on a échoué, on a voulu indexé la "valeur", au sens matériel, à la valeur, au sens de Keynes, d'ou le système d'imposition à tranches. Ceci va du communisme marxiste à la sociale démocratie.
D'autres écoles, pensent que finalement, tout est régie par le "travail" pour le compte d'un autre, qui détiendrait une position supérieure. La religion impose le travail pour s'approcher et vénérer la divinité, le féodalisme pour servir les "êtres supérieurs", ...
Encore, est-il important de souligner que "le travail", dans sa perception actuelle, n'est pas lié à la seule notion de communauté ou de société. L'homme primitif ne "travaillait" pas pour manger? D'où la fameuse pyramide des besoin, chère à nos DRH.
La question est loin d'être simple, tout âme à raison fonctionnelle se cherche depuis la nuit du temps à répondre à des questions existentielles de la sorte. D'autres, moins lotis que moi, ne trouvent pas d'explication, ont renoncé, après un échec ( le communisme dans mon cas ) ou une réflexion plus ou moins profonde, à rechercher une utopie plutôt "fantastique" d'abolir le travail, mais qui continuent, tant bien que mal, de dénoncer l'exploitation, les inégalités, ...

Mounir a dit…

Correctif : lisez "moins lotis comme moi" et non "moins lotis que moi"

 
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