lundi, juillet 11, 2011

Le regard de l'âne



La plage était déserte. Le vent soufflait en puisant sa force dans la mer, le ciel et le sable. Ces innombrables grains de sable qui venaient s’engouffrer dans les méandres du corps, piquetaient l’âme d’une force éolienne, mystérieuse en laissant comme des  baisers aériens sur chaque recoin du souvenir.

Il fallait vaguer avec le vent, suivre les directions de son grès,  naviguer selon son bon vouloir, se laisser aller tout simplement.

Au loin l’horizon se profilait incertain, confus. Et comme dans une nébuleuse, mélange de brise, de vagues, de sable et d’un vent se jouant de tous, la rive se faisait découvrir à petites bribes, telle une histoire, un roman en gestation.

 Dans ce roman, celui imposé par la force du destin, de ses houles et de ses vents, les personnages restent volatiles, fragilisés, comme propulsés par une force inconnue…la vie, peut être, qui ne leur laissât aucunement le choix d’être.  Elle les inventât de toutes parts et menaçait de les chasser de son paradis romanesque à n’importe quel instant.
Elle leur fit don cependant d’instants, innombrables, eternels, contradictoirement inscrits dans une durée transcendant l’essence même du temps. Elle fit son don et disparu le temps de le leur faire savourer.

Les personnages. Quoi de mieux qu’une femme et un homme, pour créer l’Histoire, ou juste une histoire, le temps d’un roman, de plusieurs nouvelles, de quelques essais sur un printemps qui s’en va déjà ?

Une femme et un homme, tous deux perdus sur cette plage déserte, prisonniers de rêves chimériques, d’espoirs inassouvis, d’envies de vies, oui, de plusieurs vies. Une seule ne suffirait-elle donc pas ?

Les têtes tantôt baissées pour épouser les courbes du vent, tantôt se rejoignant dans un baiser défiant la lumière éblouissante d’un soleil, discret mais constamment présent derrière les nuages.

Ils marchaient, sans but précis, sans point de mire, seuls, avec un silence éloquent qui défiait les exhortations du vent. Ils avaient marché pendant longtemps, quelques heures, des éternités se renouvelant avec chaque soupir, chaque sourire partagé.

Ils se perdirent dans des idées et des idéaux, dans des tempêtes de sables et des vagues d’eau fraiche, se retrouvèrent ensuite dans des regards furtifs, échangés à l’insu du monde et de leur propre volonté.

Au tournant d’un rocher improbable, un âne. Insolite la rencontre, improbables l’animal et son regard pénétrant.

Et comme pour défier un regard, le plus banal des regards, ou peut être le plus insolent, celui d’un âne inventé de toute pièce sur une plage déserte. Ils s’aimèrent…

1 comments:

mohamed a dit…

salut merci pour ce poste il est interessant

 
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