J’ai assisté hier à Tunis à une conférence de presse organisé par un ensemble d’associations féministes, dont la l’ATFD (Association Tunisienne des Femmes Démocrates).
Il s’agissait de lancer officiellement le projet de monitoring des médias durant les élections constituantes prévues en octobre.
Le projet consiste à monitorer, avec deux approches, qualitative et quantitative, les médias : presse écrite, radios, télévisions, publics et privés, d’expression arabe et françaises, ainsi que les réseaux sociaux qui feront l’objet d’une analyse qualitative uniquement.
Ce qui est intriguant est que ces associations féminines, ne se penchent pas sur la seule question, on a tendance à le croire en tout cas, de la question féminine. Elles couvrent tous les acteurs politiques en incluant les femmes. Une démarche totalement inclusive, louable.
Sur d’autres aspects, le projet est soutenu par l’IMS (International Media Support) et encadré sur le plan méthodologique par l’AWG- MM (Arabe Working Group for Media Monitoring) et par l’Osservatoria de Pavia, institut de recherche et d’analyse de la communication. Le monitoring sera réalisé par des étudiants qui seront formés par les instituts plus hauts. Le cas est intéressant dans le sens ou c’est créateur d’emploi et surtout une implication directe de 35 étudiant dans une démarche citoyenne, qui leur permettra à la fois de comprendre les enjeux et l’échiquier politiques, de par la nature même du travail qu’ils auront à faire, mais aussi qui les responsabilisera encore plus par rapport au future de leur pays.
Il est aussi intéressant d’ajouter que le monitoring ne se fera pas seulement « durant » la compagne officielle, mais avant (ça commence aujourd’hui même le 25 Juillet) et après les élections. Une manière de s’assurer que les médias s’engagent dans une démarche responsable et déontologique avant même d’être régi par la loi électorale durant la compagne officielle. Aussi, à chaque étape, ‘avant’, ‘pendant’ et ‘après’ élections, deux rapports sont prévus, un premier, intérimaire au milieu de la période et un deuxième final.
L’impact ici des médias sur l’opinion publique est mesuré à sa juste valeur. On comprendra aussi la conscience générale, qu’a le tissu associatif tunisien, de l’importance d’accompagner les médias dans leur « apprentissage de la liberté » après la chute de la dictature.
Le cas de ce projet n’est pas isolé puisque plusieurs associations tunisiennes lancent des projets similaires. L’ISIE (Instance Supérieure Indépendante pour les Élections) de par sa mission officielle, monitor également les médias durant la compagne électorale en spécifiant les règles de couverture médiatiques. Selon Larbi Chouikha, présent à la conférence de presse, des lois régissant la couverture seront publiés dans les prochains jours, avec potentiellement une loi interdisant la publicité politique, qui constitue une manne publicitaire actuellement pour les journaux non partisans principalement.
Tout ceci n’est pas « exceptionnel » on soi, c’est du bon sens, un travail sérieux qui prend très au sérieux des élections cruciales pour le future du pays. Ce qui est admirable est la dynamique ambiante qui fait que plusieurs acteurs se penchent sur la même question, en coordination, en concertation et surtout dans une démarche complémentariste.
Ces associations tunisiennes prennent en main des projets que d’autres, sous d’autres cieux, laissent à l’Etat le soin de faire, au risque de revenir plus tard, beaucoup trop tard, pour réclamer des insuffisances, des erreurs et des dépassements.
Il est aussi intéressant de savoir que ceci n’est pas la première expérience de monitoring pour ces associations. Elles ont fait de même en 2004 et 2009 en prenant des risques énormes touchant à l’intégrité physique de leurs membres.
Un extrait de leur rapport de monitoring des élections présidentielles de 2009, relève l’audace dont elles font preuve dans un environnement, on le sait tous maintenant, mafieux, caractérisé par la prédation du clan Leila Trabelsi : « Ce qui est frappant aussi c’est la distinction nette que l’on observe entre l’espace médiatique consacré à Mme Leila Ben Ali et celui alloué aux autres candidats aux présidentielles par la presse et tous les autres médias. Toutes les manifestations publique de l’épouse du président sortant ont fait la Une des journaux et diffusés en prime time dans les médias audiovisuels ».
C’est dire que même sous le régime le plus autoritaire, la démarche citoyenne de « contrôle » est une responsabilité, un devoir que chacun devrait assumer, à commencer par la société civile…
Pour conclure, un appel : « Féministes du Maroc, vous qui êtes reconnues par ces mêmes tunisiennes comme des pionnières en Afrique et dans le monde Arabe, vous allez faire quoi pour les prochaines élections législatives, après ce grand fiasco médiatique qu’était la compagne référendaire ? »
NB: Dans mon prochain billet (Associations Féministes tunisiennes et élections – 2), une revue des revendications des associations féminines transmises à l’ISIE concernant la participation des femmes aux élections constituantes.
Il s’agissait de lancer officiellement le projet de monitoring des médias durant les élections constituantes prévues en octobre.
Le projet consiste à monitorer, avec deux approches, qualitative et quantitative, les médias : presse écrite, radios, télévisions, publics et privés, d’expression arabe et françaises, ainsi que les réseaux sociaux qui feront l’objet d’une analyse qualitative uniquement.
Ce qui est intriguant est que ces associations féminines, ne se penchent pas sur la seule question, on a tendance à le croire en tout cas, de la question féminine. Elles couvrent tous les acteurs politiques en incluant les femmes. Une démarche totalement inclusive, louable.
Sur d’autres aspects, le projet est soutenu par l’IMS (International Media Support) et encadré sur le plan méthodologique par l’AWG- MM (Arabe Working Group for Media Monitoring) et par l’Osservatoria de Pavia, institut de recherche et d’analyse de la communication. Le monitoring sera réalisé par des étudiants qui seront formés par les instituts plus hauts. Le cas est intéressant dans le sens ou c’est créateur d’emploi et surtout une implication directe de 35 étudiant dans une démarche citoyenne, qui leur permettra à la fois de comprendre les enjeux et l’échiquier politiques, de par la nature même du travail qu’ils auront à faire, mais aussi qui les responsabilisera encore plus par rapport au future de leur pays.
Il est aussi intéressant d’ajouter que le monitoring ne se fera pas seulement « durant » la compagne officielle, mais avant (ça commence aujourd’hui même le 25 Juillet) et après les élections. Une manière de s’assurer que les médias s’engagent dans une démarche responsable et déontologique avant même d’être régi par la loi électorale durant la compagne officielle. Aussi, à chaque étape, ‘avant’, ‘pendant’ et ‘après’ élections, deux rapports sont prévus, un premier, intérimaire au milieu de la période et un deuxième final.
L’impact ici des médias sur l’opinion publique est mesuré à sa juste valeur. On comprendra aussi la conscience générale, qu’a le tissu associatif tunisien, de l’importance d’accompagner les médias dans leur « apprentissage de la liberté » après la chute de la dictature.
Le cas de ce projet n’est pas isolé puisque plusieurs associations tunisiennes lancent des projets similaires. L’ISIE (Instance Supérieure Indépendante pour les Élections) de par sa mission officielle, monitor également les médias durant la compagne électorale en spécifiant les règles de couverture médiatiques. Selon Larbi Chouikha, présent à la conférence de presse, des lois régissant la couverture seront publiés dans les prochains jours, avec potentiellement une loi interdisant la publicité politique, qui constitue une manne publicitaire actuellement pour les journaux non partisans principalement.
Tout ceci n’est pas « exceptionnel » on soi, c’est du bon sens, un travail sérieux qui prend très au sérieux des élections cruciales pour le future du pays. Ce qui est admirable est la dynamique ambiante qui fait que plusieurs acteurs se penchent sur la même question, en coordination, en concertation et surtout dans une démarche complémentariste.
Ces associations tunisiennes prennent en main des projets que d’autres, sous d’autres cieux, laissent à l’Etat le soin de faire, au risque de revenir plus tard, beaucoup trop tard, pour réclamer des insuffisances, des erreurs et des dépassements.
Il est aussi intéressant de savoir que ceci n’est pas la première expérience de monitoring pour ces associations. Elles ont fait de même en 2004 et 2009 en prenant des risques énormes touchant à l’intégrité physique de leurs membres.
Un extrait de leur rapport de monitoring des élections présidentielles de 2009, relève l’audace dont elles font preuve dans un environnement, on le sait tous maintenant, mafieux, caractérisé par la prédation du clan Leila Trabelsi : « Ce qui est frappant aussi c’est la distinction nette que l’on observe entre l’espace médiatique consacré à Mme Leila Ben Ali et celui alloué aux autres candidats aux présidentielles par la presse et tous les autres médias. Toutes les manifestations publique de l’épouse du président sortant ont fait la Une des journaux et diffusés en prime time dans les médias audiovisuels ».
C’est dire que même sous le régime le plus autoritaire, la démarche citoyenne de « contrôle » est une responsabilité, un devoir que chacun devrait assumer, à commencer par la société civile…
Pour conclure, un appel : « Féministes du Maroc, vous qui êtes reconnues par ces mêmes tunisiennes comme des pionnières en Afrique et dans le monde Arabe, vous allez faire quoi pour les prochaines élections législatives, après ce grand fiasco médiatique qu’était la compagne référendaire ? »
NB: Dans mon prochain billet (Associations Féministes tunisiennes et élections – 2), une revue des revendications des associations féminines transmises à l’ISIE concernant la participation des femmes aux élections constituantes.
2 comments:
Sur ta dernière question, au Maroc, aucune association féministe n'est au bout du fil. Nous avons assisté à des ovations pour cette Constitution. Et après, plus rien...
C'est clair: L'élite doit être renouvelée.
Salam,
En tant que Tunisienne je trouve ce feedback intéressant. Il est vrai que les féministes tunisiennes ont un champ d'action et d'expertise large et responsable. J'apprécie particulièrement le fait que les féministes tunisiennes ne se limitent pas aux controverses de type "minijupe vs burqa", comme si à part les fringues, rien ne pouvait intéresser les femmes.
Je nuancerais par contre ce constat du fait que si les féministes ont cette envergure, c'est en partie parce que la cause du féminisme, du temps de Bourguiba puis sous Ben Ali, a toujours été un des piliers sur lesquels la propagande s'est jouée. Le statut de la femme en Tunisie a toujours fait partie de la "vitrine" du système qu'on nous a vendu.
Attention, je ne dis pas que les associations féministes tunisiennes font de la propagande, la plupart font du travail admirable, mais que du fait de la nature de la propagande en question, le système a forcément moins persécuté les associations féministes que, par exemple, celles des Droits de l'Homme.
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