Ce qui avait commencé par me faire marrer, me donne maintenant la nausée et promet de me faire gerber. ..
Commençant d’abord par le plus drôle, le ridicule, la bêtise.
Au lendemain du 9 Mars, certains, si ce n’est une majorité, se sont réveillés avec un sentiment mitigé. Ils ne savaient où donner de la tête, ni sur quel côté mettre leurs vestes.
Et puis, comme qui dirait par un commun accord, ils se sont tous mis une idée absurde dans la tête, au fait pas si absurde que ça, c’est l’apanage du marocain :
- « «m3a rrabe7 » (avec le gagnant),
- « «yak goultha likoum » (je vous l’aurais dit),
- « «ya la3ab ya 7arram » (je joue ou je bousille le tout),
- « «chkoun nta ga3 ! » (et t’es qui toi déjà !).
Oui sacrebleu, t’es qui toi, ce pro 20 Février qui va se targuer d’avoir eu une première petite victoire. Eh ben non, cette présumée ‘victoire’ est ce que j’avais déjà prédis, ce que je savais déjà avant même que tu sois nait, c’est en quoi j’ai toujours cru et je t’avais pourtant mis en garde de ne pas t’en mêler.
Jusqu’au là, c’était plutôt drôle. Ça ressemblait à un bon vieux thriller marocain : le cerveau de « l’affaire » est celui qui a la plus grande gueule.
Ensuite ça l’est devenu, drôle, un peu moins. On amorce attaques et fustigations, toutes langues de vipères et préjugés dehors. On bascule soudainement vers le :
- « «Mal mok 7mar » (pourquoi, ta mère, t’es un con)
- « «dkhoul sou9 rassek » (Mêle toi de tes affaires)
- « «a wedni mennek » (attention!)
- « «Tkemech ! » (fais-toi petit)
Ce sont les expressions qui germent subitement dans la tête d’un marocain avant de nous sortir des sottises du genre : t’es ou avec le Roi ou contre lui ! Traduction libre :
«ou tu es d’accord avec le discours du Roi et donc tu laisse les autres (Aka moi) débattre des changements à venir. Attends, ne te fâche pas, je suis magnanime et dans ma mansuétude je pense même te laisser me rejoindre, si bien entendu tu te montre ‘responsable’…»
OR
« Tu compte toujours marcher un 20 Mars et DONC tu es contre le Roi »…
Mon éducation et ma finesse (sic) m’empêchent de continuer sur la lancée de la deuxième catégorisation. Ou peut être vais-je essayer, avec mes mots les plus doux :
« …tu es donc contre le Roi, t’es un con fini et un ingrat ! Le Roi te donne plus que tu n’ais jamais rêvé, le Roi te gratifie d’un changement que tu ne mérite guère. T’es définitivement un ignare, un barhouch (garnement), un mstali rasou (oisif),etc… »
Et si le ‘etc’ est à la hauteur de mes soupçons, là, oui à ce moment là, je vais vraiment vomir tout mon dégout et ma colère.
Si le ‘etc’ vire à des mots tels que : traitre, à la solde de l’étranger, fauteur de troubles, non patriote… là, oui à ce moment là, je ferais de ma bouche ceci :
ومن يك ذا فم مر مريض يجد مرا به الماء الزلالا
…le temps de me débarrasser de quelques toxines répugnantes qui m’auraient pollué l’ouï et l’œil faisant de mon palais un ramassis de répulsions et élevant mon âme tout entière vers un haut-le-cœur.
Je le ferais une fois, plusieurs même et me sentirais légère en donnant un bras d’honneur à ceux qui n’ont en pas.
Car si l’honnêteté intellectuelle de dire que les promesses du Roi, sont bel et bien une conséquence, entière ou même en partie, du 20 février, leur manque à eu, à moi celle de dire MERCI (car je n’ai fais que subir, je n’ai ni choisi, ni contribué) au jeunes du 20 février, et bien là!
Car s’ils ne sont foutus que de faire des commentaires, souvent fécondant non dans leurs esprits, mais dans les nuances de leurs fantaisies, moi j’aime les mots, ces mots et je les leur rappelle :
« Si Nous avons pleinement conscience de l'ampleur des défis à relever, de la légitimité des aspirations et de la nécessité de préserver les acquis et de corriger les dysfonctionnements, il n'en demeure pas moins que Notre engagement est ferme de donner une forte impulsion à la dynamique réformatrice profonde qui est en cours, et dont le dispositif constitutionnel démocratique constitue le socle et la quintessence. »
- « «Défis à relever » : N’est ce pas qu’hier seulement vous disiez que le Maroc est en bonne santé, que notre économie prospère, que le marocain mangeait à sa faim,...
Ceci est pour vous !
- « «Légitimité des aspirations » : N’est ce pas qu’hier seulement vous disiez que demander un changement constitutionnel est pure fantaisie, que nous ne sommes pas prêts, ni aptes à assumer la démocratie, que ce n’est surtout pas le moment…
Ceci est pour vous !
- « «La nécessité de préserver les acquis et de corriger les dysfonctionnements » : n’est ce pas qu’hier encore vous disiez que ‘l3m zine’, que tout vas dans le meilleur des mondes, et surtout que nous avançons à pas ‘surs’.
Ceci, le mot disfonctionnement, est pour vous !
- « «une forte impulsion à la dynamique réformatrice » : et là, franchement, si le Roi lui-même vous le dit, que la réforme a besoin aujourd’hui d’une impulsion « forte » et que de surcroit il s’y engage, comment pouvez-vous encore nous ressortir vos sornettes, d’hier encore, que ce n’est pas le moment. Comment pouvez-vous nous ressortir encore ces sornettes que maintenant ce n’est non plus pas le moment, le moment de faire entendre la voix du peuple qui, avec son Roi, veut toujours y arriver.
Et pardessus tous les mots, j’aime encore plus ceux là :
« Nous invitons, par ailleurs, la commission à être à l'écoute et à se concerter avec les partis politiques, les syndicats, les organisations de jeunes et les acteurs associatifs, culturels et scientifiques qualifiés, en vue de recueillir leurs conceptions et points de vue à ce sujet. »
Si le Roi, celui des jeunes si vous l'auriez oublié, vous le dit aujourd’hui, clair et net, sans langue de bois aucune, comment faites vous pour encore mépriser, dénigrer, ceux qui par leur courage et leur ‘responsabilité’, vont vous prendre dans leurs bras, et faire valoir vos droits légitimes et vos aspirations non avoués en marchant un 20 Mars ?
Et juste pour l’anecdote :
Wikipédia : « le rôle de la manifestation tient en peu de mots. Partie prenante de l’expression démocratique - notamment de la démocratie directe -, la manifestation vise à influer sur l’opinion, à influencer le pouvoir politique et, ce faisant, à contribuer à la naissance de politiques publiques menant à la satisfaction des revendications qu’elle exprime. »
Sur ce, n’oubliez pas que si vous réussissez à me faire gerber, c’est sur vous que je le ferais, avec amour et compassion !