mercredi, octobre 29, 2008

Ecrire

Une entreprise tortueuse qui me plonge souvent dans un effroi abominable. J’ai peur de ces mots qui défilent sans que je puisse les maitriser, peur de la suite incohérente des idées qui me fait parfois m’aventurer sur des chemins intérieurs, des sentiers sombres qui me révèlent à moi-même des secrets que je m’obstine à celer à jamais dans des oubliettes inaccessibles.

Et pourtant je continue à me laisser aller à ce tendre cheminement vers l’inconnu. Je continue à aimer les mots qui se pressent à jaillir de nulle part et le bruit du cliquetis insensé de mon clavier.

Et cette Waaayli qui ne cesse de m’émouvoir, de me provoquer, de me narguer avec ses grands yeux noirs, pour me pousser à mes extrêmes, faire naitre en moi l’envie de reprendre un crayon pour calligraphier des mots insensés sur des feuilles volantes.

Et cette envie incommensurable de toujours créer, inventer, laisser mon imagination vagabonder au gré des humeurs et de la météo. Un soleil scintillant pour m’inspirer des poèmes d’amour, l’automne qui arrive en emportant mes illusions avec ses tourbillons de colère, l’hiver pour danser des valses ravageuses avec une mie, une muse farfelue, le printemps pour chanter la brise matinale et mon soleil estival qui me revient pour faire rajeunir la face du monde.

dimanche, octobre 26, 2008

Smooth operator



Et de son corps je ferais une flamme à tout jamais revivifiée par mon seul souffle caressant le lobe de son oreille.

Et de ce cœur froid, gelé par tant d’années de plaisirs faciles, je ferais un brasier à nourrir tous les jours de troncs d’arbres secs et d’un brin d’amour.

Et de sa vie, un long fleuve, tranquille? Non, mouvant tel un dragon déchainé à la recherche d’une source d’eau.

Et de ses rêves, je ferais mon show, tantôt danseuse nue se trimballant entre les tables d’un cabaret, tantôt figurine voilée de marionnettes perses.

Et de ses mots, une chanson, une complainte, une lettre inconditionnelle accrochée, péniblement, au mur de mes lamentations.

Et de sa soi-disons légendaire obstination, une preuve d’amour qu’il m’offrirais chaque jour en jouant des sérénades sous mon balcon.

Mon boy, mon smooth operator, je le mettrais sur une étagère et le regarderais tous les jours me prier avec des yeux plein d’amour.

samedi, octobre 25, 2008

Le sertisseur de la Place Vendôme (Fin)










La vendeuse me jetait des regards incendiaires, et mon pauvre grec, pris comme par une épilepsie, convulsait ostensiblement. Je me contentai alors de lui offrir mon sourire le plus angélique en le regardant à travers des paupières mi-closes, avant de lui susurrer : « Je voudrais vous voir à l’œuvre !»

Un plaisir énorme se saisit de moi quand je vis son visage se muer et ses formes devenir de plus en plus manifestes. Il devint tout cramoisi à l’idée que ses bijoux à lui soient aussi visibles que ceux exposés dans les vitrines, mais se contint en répondant :

« Je vous montrerais avec grand plaisir comment j’arrive à amadouer une vulgaire pierre pour faire ressortir son éclat…en faire un bijou. »

Il était tout de même intelligent…à ma grande surprise !

Ses yeux irradiaient un feu exaltant. Il suffirait qu’il me prenne la main pour que je le suive au bout du monde. Je le suivis, à travers les rues de Paris, la foule qui déambulait insouciante, ignorant la boule de feu qui, en lui, se consume et l’envie de voler qui me faisait presque planer.

On a atterrit à l’atelier. Jour de congé. On était seuls, on était beaux et humains.

A peine m’a-t-il dénudée, lui-même étant déjà tout nu, exaltant une force et une puissance telles que j’eu une immense envie de l’assommer avec le plus rude des amours, que je m’exclamais, béate devant tant d’ardeur.

« Je veux vous voir à l’œuvre »

« Maintenant ? Dans cette tenue et en contenant tant de désir ? »

« Pourquoi pas ? Voyons ce que ça pourrait donner sur une pierre fine ! »

Il se mit au travail. Implacable, ses yeux ne quittaient plus sa pierre et ses mains étaient tantôt dures et fermes, tantôt languides et hésitantes. Il maniait la pierre avec tant d’art et de cœur que j’en étais émue. Je voulais subitement devenir pierre moi-même, m’offrir à ses mains, à la chaleur ambiante, fondre et renaitre une autre, plus belle, plus précieuse.

Il fut tellement pris par son minutieux travail qu’il ne remarqua rien…

J’étais déjà loin de l’atelier, sur les bords de la Seine, quand je m’arrêtais enfin pour respirer l’air frais du soir. Un sourire aux les lèvres, des yeux embués de larmes de joie et de contentement et mes doigts qui tremblais en serrant l’aigue-marine, bleue comme mes yeux, comme le bleu des cieux.

Il garda pendant longtemps ce bout de papier chiffonné qu’il trouva à ses pieds, une fois son œuvre finie.

« Mon bel homme, tu m’aurais volé une parcelle de mon cœur à la vue de tes beaux yeux alanguis. Je me saisi du fruit de ton art, ce que tu as de mieux à offrir, car j’en suis sure, tu renfle comme une cheminée et une fois tes yeux fermés tout le charme s’envole.

Continu à manier tes pierres précieuses, et moi à cultiver en mon for intérieur l’image d’une perle qui nait, grandi et s’embelli, dans les fonds de l’océan. »

jeudi, octobre 23, 2008

Le sertisseur de la Place Vendôme - 1













Photo by Christian MALLET

D’un pas hésitant je rentrais dans cette joaillerie de luxe sise Place Vendôme. Un air frais s’en était échappé quand une jeune femme richement habillée en était sortie, toute ravie de ses emplettes. Cet air revivifiant qui contrastait avec la chaleur ambiante de Paris au mois d’Aout, m’insuffla l’idée de m’aventurer sur le pas d’une des plus belles enseignes de Paris. La vitrine, élégamment, affichait quelques belles œuvres d’art qui me donnaient le tournis à leurs éclats saisissants et m’invitaient à la découverte.

Je franchis, enhardie par un courage que je ne me connaissais point, le pas de la boutique et tombais net sur une vendeuse, des plus snobs, qui me regardait avec un air narquois, comme pour dire « que fait cette fille défraichie dans notre tendre fraicheur ambiante ? ».

Je n’ai nullement donné suite à son regard scrutateur et me suis avancée comme si elle devenait subitement transparente. Je marquais alors une pause devant une belle bague sertie d’une aigue-marine de toute beauté. Son bleu pur ressemblait à celui que reflète la mer à l’entrée de la grotte bleue de Capri par un soleil resplendissant.

« Je parie que la couleur de vos yeux a son bleu si ce n’est le bleu des cieux » chuchota une voix douce de derrière mon cou.

Son souffle chaud jouait des quelques mèches collées, de sueur, derrière mon oreille, et le timbre de sa voix au mot ‘cieux’ avait la résonnance d’une chanson d’automne.

Je me retournais, doucement, langoureusement presque, comme une femme qui se réveille sur un ‘bonjour amour’ prononcé par son amant, l’enlaçant de tout son corps.

Ses yeux sombres, son beau visage halé, ses cheveux noirs, son expression profonde, lui donnaient l’air d’un mythique méditerranéen, un grec.

« Je regarde cette pierre avec des yeux incolores. Ils sont de quelle couleur à votre avis, mes yeux ? »

« Ils sont très beaux »

Je souris et affronte son regard longuement, lascivement, amoureusement, avant d’éclater d’un rire sonore en lui prenant subitement les mains.

Il avait l’air surpris mais ravi, et il attendit…

« Elles sont douces vos mains »

« Je suis sertisseur de métier et de vocation »

« Dommage alors ! A manier ces pierres précieuses à des températures insoutenables, vous ne pouvez sentir mes mains brûlantes ! »

« Je peux néanmoins sentir leurs effleurements quand elles insistent… »

Et c’est là que j’appuyai subtilement, délicatement sur ses doigts fins avant de les prendre un à un dans ma bouche pour les lécher…

mercredi, octobre 08, 2008

Kadoch – Amos Gitaï (1999)

Pour une fois n’est pas coutume je vais parler d’un film.

C’est un film cru, saisissant, triste, beau…et je manque de desctiptifs !

D’abord, la lumière, chatoyante, fluide. Ensuite la musique, juive, arabe, boulversante, et enfin l’histoire, un pur coup de génie.

Il ne faut point raconter l’histoire d’un film car ça risque de biaiser le message qu’on voudrait transmettre. Je m’en abstient donc…péniblement !

Pourtant je ne peux m’emêcher d’évoquer cette scène qui m’arracha une larme…la nuit de noces, et cette autre, le sourir de félicité quand elle dit ‘il y a un autre monde…ailleurs ! »

Ce film me laisse une impression de déjà vu, de déjà connu surtout.

Le fendamentalise religieux qui nous guette, eux et nous, et qui menace non pas de créer un autre conflit mais de nous réunir enfin dans une même pratique de la religion, quoique dans des langues et des endroits différents.

Je n’en dis pas davantage et me bride la langue pour vous laisser découvrir, si ce n’est déjà fait.

mercredi, octobre 01, 2008

De haine et de chair, je suis faite!

Des fois on se sent mortellement trahi par ceux qu’on croyait être les plus proches. Un sentiment d’injustice accablant pour ne pas dire un dégout déraisonnable de soi même et du monde tout entier. Pourquoi donc ce sentiment terrifiant de haine ? Pourquoi cette déflagration de ressentiments qui me fait prisonnière à chaque fois que l’image présente ou le souvenir désuet de cette trahison se présentent à moi dans leur crudité la plus absolue ?

Des questions que je me pose en espérant ne jamais trouver réponse à l’absurdité. Je cherche vainement à me soustraire à ces sentiments impuissants d’anxiété accablante et saisissante, mais nul répit pour cette âme qui git souffrante d’une maladie incurable…le souvenir. Le souvenir et l’espoir qu’il fait renaitre en moi de retrouver, peut être un jour, la face cachée de la vie, car celle apparente est prodigieusement exécrable.

Il me devait une vie en quelque sorte, ou rien qu’une demi-lune de sa face cachée. Je l’avais repêché d’une existence tortueuse, insoutenable, voire tragique pour lui permettre de couler des jours heureux dans le confort d’une présence rassurante, apaisante, regorgeant de sentiments nobles et de désirs satisfaits.

Jamais je ne l’aurais cru aussi ingrat, piètre goujat imbu de sa petite personne et de son être impudent. Il incarnait le comble de la frivolité que je prenais, en toute connaissance de cause pourtant, pour des élans artistiques. Je prônais la liberté des choix, le libertinisme des passions. Je voulais vivre à travers lui ma liberté et le laisser, à travers elle, savourer les siennes. Un total échec évidement, puisque construit sur la base d’une pure parodie de l’intelligence humaine et de la bassesse innée de l’homme.

Tout ceci je le vécu en lui prodiguant milles intentions, un soin particulier à faire de sa vie un long fleuve qui coule d’eau limpide reflétant les rais téméraires du soleil charnel.

Charnel, il l’était aussi. Noyant mes incertitudes impromptues dans le puits des plaisirs instantanés. Combien de fois avait-il calmé les ardeurs de ma conscience, s’insurgeant contre l’absurdité de notre présent, en m’infligeant les agréments les plus atroces…ceux de la chair.

Combien de fois, ayant compris que nulle satisfaction physique ne pouvait désormais taire les révoltions de mon esprit, s’était-il mis à genoux implorant le pardon, mendiant une seconde chance…

Intarissable jeu de masques, jeux de conscience maquillée de feutre bleue et de rose pétale. Son inexhaustible talent de grand séducteur était édifiant et quoique voyant clair dans son jeu, je ne pouvais m’empêcher d’y céder autant que les autres.

Et puis vint la trahison !

Chaque nuit d’insomnie me rappelle ce mot avec une effarante intensité. Quoi ? Nulle trahison ? Et des trahisons il y en eu … par dizaines, par centaines, par milliers ! Chaque pensée incongrue envers ce pacte d’être par soi, envers soi, malgré soi, ce qu’on était réellement, fut une trahison !

Et ce fut la seule, l’unique, celle qui par milliers se proliférait…aux dépends de tous ces mots, gestes, regards et autres sentiments purs et spontanés que la vie nous exhortait à vénérer et que nous, pauvres de nous médiocres êtres insensés, jetions délibérément dans les fossés de l’insouciance.

Il me trahit, je fis de même, et aujourd’hui je le hais pour avoir fait d’un être pur, presque enfantin, un démon déchainé que seule la souffrance, celle des autres et la sienne propre, assouvisse !


 
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