samedi, septembre 27, 2008

Son cheveu grisant...















Elle : Je m’en vais roupiller dans les bras de l’oreiller, enfin essayer…car seule sans lui, seule une envie demeure…veiller !

Elle-l’autre : Serais-tu un brin amoureuse ? Peut être enfin victime de cette tendre félicité douteuse ?

Elle : Je ne saurais te dépeindre mes sentiments, ni te décrire cette envie folle de farfouiller dans les plis des draps, tenter de chiner un cheveu perdu, une odeur à flairer.

Elle-l’autre : Tu ferais mieux de regarder le plafond et rêvasser. Barbouiller avec de l’encre noir quelques pages écarlates, ou tenter de me conter l’histoire de ce bras douillet…

Elle : Tu sais donc tout…de ce lit qui se souvient, de ce plancher qui se remémore, de tous mes murs en quête de résurgence…tu sais donc tout de ce bras, de ces mains, de ce souffle…

Elle-l’autre : Je n’en sais fichtre rien. Tu me connais, je ne fais que déchiffrer les liens…entre ce sourire narquois quand tu l’aperçois, cet autre à la cigarette pendante, et ces yeux bohémiens quand levant subitement les yeux, te nargue l’étoile du nord.

Elle : Pourquoi diable invoque-tu celui qui par son effluve m’ensorcelle ? J’aurais pu éternellement chercher des cheveux perdus dans mes draps froissés…et me revoilà convoitant l’abime d’un cheveu grisant... dans les méandres de mon imagination.

Elle-l’autre : enivrant l’été, grisonnant le poil…et c’est déjà l’automne.

vendredi, septembre 26, 2008

Déclaration de guerre

Aujourd’hui je te déclare la guerre ô émérite professeur…

Que tu te retienne de prêcher l’esthétisme et de prôner la valeur philosophique de toute chose pour enfin déceler avec tes yeux de vieux sage, grand mage de ma conscience culturelle, la jeune étudiante qui te dévore de ses yeux sanglants et fait fi de ton autorité.

Cesses donc de te masturber les méninges devant ces seins cubiques de Picasso et regarde, touche, embrasse de tous tes sens les rondeurs des nus de Modigliani, ses femmes vraies dont le seul perpétuel atout est celui même que j’offre aujourd’hui à ton regard ébahit, que je t’ordonne de humer et d’y noyer ton aura mystérieuse et cette autorité, encore elle, de celui qui sait et qui dicte ce qu’il faut savoir…mes seins libres !

Je te déclare la guerre. Tiens toi prêt à être dénudé, violenté, englouti, aspiré jusqu’au dernier souffle. Tiens-toi prêt à m’appartenir et à être obnubilé par la seule image de mes dents mordant à sang le muscle de ta logique, les nerfs de ta culture et tes doigts fins et longs jouant à tue-tête la musique de mes cris, de tes gémissements, des crissements des meubles antiques de ta demeure…toi le vieil érudit à genoux devant la beauté d’un sein libre, quelle image !

Cesse donc de lutter et accepte, avec cette humilité intellectuelle qu’est la tienne, de déposer ton armure et de capituler devant la venue imminente de ta déchéance.

Aujourd’hui tu es mien, et ton intellect et ta discrétion. Aujourd’hui je te fais déjà mon ombre haletante, courant comme un forçat, en boitant, en peinant à bouger tes membres les plus mobiles, en suant ton sang et ton suc, pour rattraper ne serait-ce que le souvenir de mon odeur.

Je te déclare la guerre, car ne pouvant être admirée par toi en tant qu’amatrice d’arts, je me fais œuvre d’art, subtile, sublime et magnifiée…inaccessible icône de la vierge embellissant la voute d’une église.

Aujourd’hui mon cher gourou je te déclare la guerre sainte avec ce seul sein libre et quelques mots affranchis...

mardi, septembre 16, 2008

Créer?

Elle crut pouvoir écrire un livre. Elle essaya longtemps et finit pas se résigner à la douloureuse réalité qu’elle n’était point douée pour la création littéraire. Tout ce dont elle pouvait se targuer de réussir est au mieux le plagiat. Plagier d’autres histoires qui l’ont fait rêver ou d’autres qu’elle a rêvé.

Elle se mit alors à peindre, et découvrit également avec beaucoup d’amertume qu’elle était plutôt amatrice que créatrice. Elle pouvait cependant se consoler de pouvoir déceler le beau, le regarder avec ses yeux ébahits et rêver…rêver encore de pouvoir un jour créer.

























Et puis un jour, elle se décida à dépenser une petite fortune pour acheter un appareil photo très couteux
pour sa petite bourse. Elle se dit qu’elle pouvait peut être capturer avec art les créations divines, immortaliser des instants insolites et créer à travers cette science optique ce qu’elle ne pouvait imaginer de par ses propres sens...pour peut être revivifier une braise avec un vent invisible...









Ce fut également une désillusion fort déprimante. La nature était toujours plus belle et plus spontanée que ses pauvres clichés.







Elle finit alors par s’avouer que désormais, tout ce qu’elle pouvait faire est espérer un jour trouver l’instant magique d’inspiration pour confectionner un plat unique, composé d’ingrédients rares, d’épices exotiques…et de thé de chine!









Ou peut être, avait-elle encore pensé, s'adonner à la création de mode...sans trop tomber dans le flou...ou le déchaussé.







Quand elle fini pas accépter tous ses échecs avérés, elle se résignat alors à s'abandonner à sa seule vraie vocation...rêver...

samedi, septembre 13, 2008

Elégie

















Sergiu Zancu. Du cycle Territoires

Voguer dans les ténèbres de mon âme paon-de-nuit
Telle une aile blessée, autour du feu, alanguie
Respirer l’encens brulé de mes sens inouïs
Tels des volcans qui jaillissent du fond d’un puits

Et éteindre le feu, étreindre le volcan
Et friser l’abîme, figer l’instant

Et de tout mon être, longtemps sanglant
Parodier l’injure, de l’injuste accablant

Enluminer ma vie de roses et de saveurs de fruits
Telle une belle-de-nuit qui, dans le noir, reluit
Danser sur les battements de mon cœur éconduit
Telle une tsigane qui chante des odes à la pluit

Et éveiller les roses, réveiller les gitans
Et accueillir l’onde, cueillir le présent

Et par tous ces vœux, ces rêves d’enfant
Renaitre femmes, une nouvelle et celle d’antan



vendredi, septembre 12, 2008

Les femmes à KB

Au détour d’une rue obscure, émergent les nuages de vapeurs de quelques bouches d’égout béantes. Un bruit mitigé se fait entendre. Les cris, les rires de femmes…des murmures inaudibles.

On hume à souhait des odeurs de sueurs chauffées, échauffées par l’effort physique et la chaleur ambiante. Une moiteur qui se fait présente dans chaque coin et vous donne l’impression de vous étouffer au premier abord. Elle devient ensuite clémente, dès lors que vous vous baignez dans la même ambiance…les rires, les cris, l’effort, la chaleur.

Et ces corps qui se frottent, ces bruits qui tantôt raisonnent, tantôt se transforment en susurrement, ce monde qui vous engloutit dans son plaisir propre. Un plaisir particulier, que certains abhorrent pour cette étourdissante chaleur que viennent chercher d’autres. Un plaisir partagé, solitaire, communautaire, intime…

Un plaisir (mal ?) nécessaire quand, à défaut de l’ultime laveur de culs de KB, les belles dames aux âmes damnées, n’ont d’autre choix pour se curer le corps et le cœur…que le miséreux hammam du quartier…

mardi, septembre 09, 2008

La plénitude de l’instant - Thich Nhat Hanh










Respirer et sentir l’air envahir ses poumons. Toucher ses yeux et admirer leur capacité à toucher du regard le monde les entourant. Prendre de la main droite, la gauche et s’apaiser soi-même.

Bref, embrasser le monde du regard, humer chaque effluve, frôler le sol et le sentir nous porter…vivre pleinement, consciemment le présent, l’instant.

Tels sont les enseignements de ce livre, qui prône une vie consciente, pour admirer le don de l’existence, pour se réconcilier avec le monde, les hommes, soi-même.

J’ai lu ce livre en regardant les nuages sur le lac St James à Neuilly-sur-Seine. J’ai pu apprécier chaque phrase car non seulement je la lisais, mais je m’offrais également le luxe et le plaisir de la vivre.

Un petit livre qui se lis d’une traite et qui reste captivant, relaxant, enchantant…quand on ferme ses yeux en imaginant des fleurs souriantes.

Un vrai bonheur que de s’offrir, de temps à autre, des lectures pour ne point prétendre à une culture autre que celle de son être, pour se laisser aller à des errances solitaires, ou plutôt ayant pour seul compagnon la nature et ses odeurs, la nature et ses lumières, la nature et notre être faisant enfin un.

dimanche, septembre 07, 2008

Le théorème du perroquet - Denis Guedj









"Il faut aux vérités de la science de belles histoires pour que les hommes s'y attachent. Le mythe, ici, n'est pas là pour entrer en concurrence avec le vrai, mais pour le rattacher à ce à quoi les hommes tiennent et qui les font rêver." Denis Guedj

Les mathématiques qui font souvent office de bête noir des écoliers, figurent dans ce livre, tels les éléments captivants et mystérieux d’une intrigue qui ne peut que capter l’attention et retenir le souffle du plus intransigeant des lecteurs.

Imaginez une forêt amazonienne, une magnifique bibliothèque mathématique surgissant du fin fond de la jungle et…un perroquet, et subitement commence une péripétie délicieuse à travers l’histoire des mathématiques, de Pythagore à Al Khayam, de Galois à Fermat…en visitant les lieux du savoir de ce Paris foisonnant de trésors livresques.

Une histoire de découverte, ou plutôt de redécouverte, de ces chiffres qui ont meublé nos vies sans qu’on puisse s’interroger sur leur naissance et leur déclin…

Denis Guedj, mathématicien, historien et romancier, invente un théorème fascinant dont les inconnues flottent dans le temps et les constantes ne sont autre que l’amitié, l’amour, la quête du savoir.

Un vrai délice à consommer sans modération pour enfin apprécier ces formules sinueuses et autres postulats tordus que nous avons tant appris à fuir…

mardi, septembre 02, 2008

Sur un pont londonien

Le son du violant est son murmure
La lumière de la ville est son regard
Le vent est son souffle
Est l’envie de l’étreindre

Barricadée par des chaines invisibles
Lointaine telle un soleil insaisissable
Je hume le vent, cherche la lumière
Est l’envie de le bercer

Un joli couple qui s’embrasse
Elle, les cheveux ébouriffés
Lui, le corps tendu
Est l’envie de le rejoindre

La rivière est le temps
La rive est le présent, future, passé joyeux
Le monde est une orange bleue
Est l’envie, de par lui, être

 
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