Jilali Gharbaoui
Très chère,
Est-il enfin temps de te faire mes adieux ?
Une question que je me suis posé ce matin en découvrant un rai de soleil se faufiler d’entre les stores fermés de ma chambre. J’ai regardé cette lumière jaillir petit à petit des ténèbres pour remplir la chambre et mon âme d’une douce chaleur, envahir mon esprit encore engourdi et faire revivre les souvenirs d’antan.
Te souviens-t-il de cette matinée du mois de décembre il y a vingt ans, quand, ton corps se prélassant au côté du mien après une tumultueuse nuit d’amour, tu avais ouvert les yeux pour surprendre un curieux rayon de soleil s’immiscer dans notre intimité matinale ?
Tu as subitement quitté le lit et ma vie…
J’ai repensé à cette matinée vingt ans durant, interrogeant la lumière, les stores, le lit, les draps, mon cœur désemparé, sur le secret de ce départ fortuit. Vainement !
Aujourd’hui encore, en écrivant cette dernière lettre, je ne saurais répondre à mes questions. Avais-tu besoin de liberté ? Etais-tu à la recherche d’un amour autre que ce que je pouvais offrir ? Ce rayon de soleil t’avait-il rappelé à un autre monde ? Te souviens-tu de moi ?
Une vie à t’attendre…
Une vie à t’imaginer courir et danser. Sourire à des enfants dans la rue. Déguster une glace dégoulinante en t’adossant à l’arbre solitaire du parc.
Une vie à te servir la soupe de potirons que tu aimes tant et attendre que tu la mange avant qu’elle ne refroidisse.
Une vie à te prendre dans mes bras le soir venant, te cajoler, t’embrasser le lobe de l’oreille et te murmurer des poèmes de Khayyam.
Une vie à rêver notre vie. T’imaginer dans les couleurs qui habillent ma maison, le quartier, la ville et le monde entier. Te humer dans chaque épice et te déguster avec chaque douceur.
Que reste-t-il de cette vie aujourd’hui ? Crois-moi très chère, rien que ton doux sourire ancré à jamais dans ma mémoire, quelques écorces d’arbres dans une vielle boite à bijoux et Mozart enchantant une âme solitaire au crépuscule…
Je te fais mes adieux, sans larmes, sans regrets, mais avec un sourire aux lèvres et une douce rumeur de rires enfantins dans le jardin de ma maison…celle qui sera toujours tienne.
Très chère, en te souhaitant, là où tu es, là où tu seras demain et dans une autre vingtaine d’année, le bonheur à l’état pur, celui d’être la destinatrice du premier rayon de soleil, je t’embrasse.
Ton dévoué.
7 comments:
L'adieu... je hais ce fait!
La revoyure... c'est beau! N’est-elle pas féminin?!
Des fois je crois en l'incarnation... de l'Amour.
C'est très beau lalla.
Tiens, un gribiz par ici :)
Je sais que tu aime le féminin ;)
Ah au fait...non non rien!
l'adieu... à elle, à toi, à demain, à jamais?
Cette lettre est magnifique, tout simplement.
coucou...t'as été taguée chez moi...bises à l'homme
kb...tagger...bimo ou zid ou zid
...La fin a toujours été un début en elle même...C'est vrai que le temps est irréversible...Heureusement qu'il y a le rayon, soleil
Salut!
Je viens de visiter ton blog et franchement j'adore, tu as une belle plume.
Je suis aussi marocaine et fane d'écriture, j'ai des essais sur mon blog et ça serait sympa si tu me donnait ton avis. J'aime être libre quand j'écris.
www.druged-lovah.skyblog.com
merci d'avance
a+
Merci à tous pour vos commentaires.
KB, désolée pour le tag...j'avais abandonné ce blog pour un moment. Désolée aussi pour les bises...je ne pourrais transmettre :)
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