Ma petite compatriote,
M'est avis que veniez ce soir
Frapper à ma porte et me voir.
Ô la scandaleuse ribote
De gros baisers et de petits
Conforme à mes gros appétits?
Mais les vôtres sont si mièvres?
Primo, je baiserai vos lèvres,
Toutes, c'est mon cher entremets,
Et les manières que j'y mets,
Comme en tant de choses vécues,
Sont friandes et convaincues!
Vous passerez vos doigts jolis
Dans ma flave barbe d'apôtre,
Et je caresserai la vôtre.
Et sur votre gorge de lys,
Où mes ardeurs mettront des roses,
Je poserai ma bouche en feu.
Mes bras se piqueront au jeu,
Pâmés autour de bonnes choses
De dessous la taille et plus bas.
Puis mes mains, non sans fols combats
Avec vos mains mal courroucées
Flatteront de tendres fessées
Ce beau derrière qu'étreindra
tout l'effort qui lors bandera
Ma gravité vers votre centre.
A mon tour je frappe. Ô dis: Entre!
Les limites du ciel je ne connais point. J’ai atteint le firmament par deux fois, une quand tu as brulé les ailes de l’ange déchu, la deuxième quand, par mégarde tu es rentré dans la conscience de l’autre moi, dans mon parallèle que jamais je ne croiserais à l’infini.
Tu es absous de ma colère et des gémissements de mon corps. Tu es enterré sous une nappe de feuilles blanches et tes traces, cicatrisantes, sous des bandages à fleur de rose. Mais alors cette volonté ?
Une chimère des temps moderne, crédo de celui qui se croyant à l’abri d’un présent célère, fait durer le plaisir, une, deux fois…
Ce vin qui coule dans mes veines en est témoin, du chien qui aboie en toisant les fantômes de mon passé, de la vipère glissant en douce dans mon lit défait, du beurre ronce que je n’aime point mais consomme pour la gloire.
Cette pluit diluvienne et son vent déracinant mes bougainvilliers, en sont témoins, de l’été désuet qui nargue mon hiver, des mille-feuilles au chocolat dégustant ma langue séchée, de ce rêve inachevé de voyages sur la route de la soie.
Rimailler ? Tu rêves !
Du pays des rimes, je suis tsarine sans peuple. De celui des gouffres, je suis Anubis.
Je mène la barque pour faire échouer mes morts élus sur les rives d’un autre monde nouveau, pour faire couler le sang bleu de mes aïeux sur mes lettres de noblesse…et faire renaitre les regrettés défunts dans un poème de Verlaine.