Elle roulait vite, trop vite à son sens et il pensait subitement qu’il fallait tout arrêter, maintenant avant qu’il ne soit trop tard.
Il avait aussi l’envie de la serrer très fort, ou plutôt qu’elle le prenne dans ses bras. Il avait peur…
Il l’embrassa.
Un baiser fougueux, passionné, tendre et mitigé.
Il ne pensait qu’à une seule chose, l’envie. L’envie de la prendre. L’envie d’arrêter de rouler et de la prendre, là, immédiatement.
Il sait qu’elle est fragile, délicate et si forte à la fois. Il la savait aussi toute envies et ça le rassurait de voir, dans ses yeux qui brillaient de larmes refoulées, et de sentir, dans ce frémissement qui la saisissait, que la jeune fille qu’il avait connue il y a tant d’années est aujourd’hui ressuscitée, elle est tout en vie…
Ses yeux larmoyaient. Elle essayait de le cacher, de se dérober à son regard scrutateur. En un laps de temps de quelques secondes elle s’est redécouverte. Elle a redécouvert le sentiment, l’unique sentiment qui pouvait faire vibrer son âme et elle en était tellement bouleversée.
Pourquoi diable fallait-il qu’elle le rencontra ce soir ? Pourquoi le cherchait-elle ?
Elle avait vécu le pire, la solitude forcée, l’angoisse et la peur d’être malaimée. Elle avait décidé de dénigrer à tout jamais l’amour et ses faiblesses…et là voilà, encore une fois, brulant d’une passion subite, d’une extase foudroyante. Elle se sentait revivre, dans ses bras, au souvenir de son premier amour…
- Rentrons !
- Qu’est ce qui te prend ? Tu ne veux plus me suivre jusqu’au bout ?
- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée finalement. Arrêtes la voiture ! Je conduis…
- Il n’en est pas question. Tu oublies peut être que pour une fois c’est moi qui dicte les règles du jeu ?
- Ce n’est pas un jeu. En tout cas ce n’est pas amusant. Rentrons, ensembles. Laisses moi te montrer que je peux encore tout arranger…
- Tout arranger ? Mais de quoi parles-tu ? Tu as accepté de me suivre ce soir, jusqu’au bout…
- Je préfère rentrer…
- Soit !
Elle fit demi-tour, l’esprit dans le vide…une seule envie en tête. Le déposer le plus vite possible et reprendre son chemin.
L’air était tendu. Ils gardaient obstinément le silence l’un et l’autre, chacun plongé dans ses réflexions.
Devant chez-lui, il descendit de la voiture et au moment de fermer la portière …
- Je t’aime idiote.
- Tu n’es pas encore prêt pour connaitre le chemin du possible et le mirage de l’impossible. Tu es un mauvais joueur finalement. Je t’ai aimé une fois…mais aujourd’hui je voulais juste me le rappeler.
Elle partit le cœur léger, un sourire rêveur au souvenir d’un premier baiser…un souvenir très lointain, d’un premier amour, de ses vingt ans, de cette soif de découvrir la vie et de savourer ses plaisirs…
Jaillit alors ce rire sonore. Un rire méchant.
N’avait-il pas affirmé jadis qu’elle était un ange qui courtisait avec les diables ?