Résumé des épisodes précédents : Philippe est un chat appartement à un français, M.U. , qui vient d’arriver au port de Tanger. Le chat se perd dans le port et s’en va déambuler dans la ville où il fit la rencontre d’une bande de chats de gouttières…
Il courut encore jusqu’au coucher du soleil.
Epuisé, il se laissât aller à un léger somme vautré à même la chaussée. Ce fut une aubaine de ne pas se faire écraser par des talons inopinés ou des plantes de pieds géantes transportant un quelconque malotru.
Il eut beaucoup de chance en ce jour qui a mal commencé, lui Philippe, chat du vénérable M. U. lui-même descendant avéré de Philippe le Bel roi de France.
Au réveil, Philippe se retrouva entouré de la même cohorte de chats miteux qu’il avait rencontrés quelques temps auparavant.
Ils étaient tous là à l’épier bizarrement en papotant.
- N’est-il pas un peu bizarre ce Flip ? Regarde-le un peu, il est propre !
- Tu ne vas tout de même pas penser qu’il s’appellerait vraiment Philippe et qu’il vive dans les riches hauteurs de la ville.
- Pourquoi pas ? En tout cas ce morveux est un étranger au quartier.
- Arrêtez vos bêtises les gars, il a l’air en tout cas éreinté et surtout affamé. Tu n’aurais pas caché un squelette de poisson dans les parages Momo ?
Philippe ouvrit soudain grand les yeux quand il entendit le mot poisson et se mit sur quatre pattes tout excité.
La bande éclatât de rire et on lui servi rapidement, atterrissant d’on ne sait ou, une sardine à peine entamée.
Rassasié, Philippe raconta dans un flux incohérent son histoire, pour le moins insolite, à la bande curieuse de ces bougnouls de félins.
Il fut tout de même satisfait de pouvoir enfin les impressionner, car leurs yeux écarquillés à la seule évocation du château de M. U, des délicieux mets qu’on lui proposait, lui le chat maigrichon et malfamé, de sa nacelle douillette, des milles soins qu’on lui procurait, mettaient le pauvre Philippe sur un piédestal que seule pouvait ramener à sa véritable dimension la chaleur ambiante et les odeurs nauséabondes qui embaumaient l’air de ce souk malpropre.
- Tu ne serais pas un peu entrain de nous bluffer avec des histoires inventées de toute pièce?
- Je pense plutôt que le pauvre…hein ? Comment déjà que tu te nommes ? Philippe ? Ha ha ha…Flip, oui c’est ça Flip…eh ben, je pense que tu as perdu la tête mon pauvre. Tu as probablement trainé plus qu’il n’en faut aujourd’hui sous le soleil du port à chercher un reste de poisson…
- Mais non ! Je vous promets que je raconte la vérité. Je ne connais pas cette ville, ni ce souk, ni ai jamais mangé un reste de poisson par ailleurs.
Un chat resté à l’écart s’introduisit soudain dans le cercle et annonça d’un ton majestueux que les autres écoutèrent solennellement.
- Je pense qu’il dit vrai ! N’avez-vous pas remarqué son collier en or ? Bande d’ignares ! Avez-vous déjà vu un chat de gouttières comme nous autres se parer de tel objet précieux ? Cessez donc cette discussion stérile et suivez-moi au jardin public. Nous allons organier une session extraordinaire du conseil des chats. Avertissez les autres !
- Mais chef, dites nous au moins pourquoi cette réunion.
- Il nous faut décider urgemment du sort de cet étranger. Nous avons le choix de l’adopter parmi nous ou d’organiser une opération kamikaze pour le renvoyer sur un bateau en direction de son pays. Nous ne pouvons le laisser périr sur notre sol, et c’est ce qu’il adviendra certainement de lui si nous l’abandonnons à son sort.
Philippe n’en croyait pas ses oreilles. Mais ils sont fous ces chats barbares ! Un conseil des chats ? Même dans sa France démocratique il n’avait entendu de telles balivernes…