« Peut être méprise-t-on beaucoup celui qu’on tue…mais moins que ceux qui ne tuent pas ! »
André Malraux, La condition humaine.
Nous hasardons-nous souvent à donner une signification à nos existences bien ternes ? Nous arrive-t-il de nous remettre en cause en notre époque indifférente aux questions existentielles ?
Il m’a fallut toute une myriade d’atrocités, une déflagration d’injustices et une misère à satiété pour que je me sente désarmée, impuissante et drôlement petite ! Dégoûtée par ma condition et celle de mes semblables, aigrie par l’absurdité des guerres, la cruauté humaine, l’ambition démesurées des hommes, la férocité et la barbarie de ceux qui torturent et massacrent leurs adversaires…les brûlent vifs dans la chaudière d’une locomotive hurlante…ce sifflet perçant de la locomotive qui viens d’engloutir un combattant…La condition humaine !
Sur les pages des journaux, les écrans et les visages masqués se dessine une fresque de destins tantôt parallèles tantôt convergents, une frasque entre la peur et la souffrance, le sacrifice héroïque et le terrorisme inutile…
Le sort de l’humanité est le même et pourtant chacun approche la fatalité dans la solitude, vie son destin et cherche l’immortalité, perpétuel prolongement de l’erreur humaine, dans le déroutement de l'appétence…
Notre altitude devant les tumultes de l’existence demeure toutefois dissemblable, sans pour autant qu’il nous soit attentiste de l’assumer dans ce qu’elle incarne à la fois de vil et d’émérite, de contradictoire !
Il me souvient l’histoire d’un rêveur solitaire qui rejetait la morale collective. Il se considérait comme un homme hors du commun. Voulant éprouver les limites de la liberté, il se livra à la dérogation effrontée de l’ordre moral, se donna le droit d’ôter la vie d’autrui pour le bien de l’humanité ! Le jour où il se retrouva net devant l’image menaçante de la conscience, il dut tout bonnement se livrer à la justice des hommes, se sauver moralement et rejoindre la lumière pour se laisser délester à quelque port…renonçant à la lutte, se ravisant devant la vanité de l’héroïsme surhumain, s’agrippant aux valeurs élémentaires de l’homme pour y trouver l’essence originelle de sa condition…Il commit le Crime et subît sans mansuétude le Châtiment !
Me souvient pareillement l’histoire de cet Etranger qui se refusait à jouer le jeu du repenti, du mensonge, car la vérité n’est pas la réalité qu’on renie, mais c’est ce qu’on rajoute à cette réalité.
Cet homme qui ne retrouvait pas les larmes à la mort de sa mère, fini par tuer et être condamné à mort. Il refusât les consolations religieuses et mourût en s’ouvrant à la tendre insouciance. Il fût étranger dans le monde où il vivait, erra dans les faubourgs de la vie solitaire, sensuelle, individuelle qui obligeait sa condition d’Individu…
Et puis il y a l’histoire de cette vie qui m’étouffe, de ce cri qui m’échappe ! Quoi nulle trahison ? Ce trouble qui gagne du terrain, entérine mes entraves et me promulgue la profusion des craintes, des rejets…la confusion ! Le pourquoi du comment et l’insatiabilité de savoir…la condition de mon individu !
Autant de questions existentielles ou simplement un déroutement temporaire, qui aujourd’hui me rejettent dans l’embrouillement d’une image floue reflétée par un monde nébuleux...
Juin 2004