lundi, février 25, 2008

Adieu














Jilali Gharbaoui

Très chère,

Est-il enfin temps de te faire mes adieux ?

Une question que je me suis posé ce matin en découvrant un rai de soleil se faufiler d’entre les stores fermés de ma chambre. J’ai regardé cette lumière jaillir petit à petit des ténèbres pour remplir la chambre et mon âme d’une douce chaleur, envahir mon esprit encore engourdi et faire revivre les souvenirs d’antan.

Te souviens-t-il de cette matinée du mois de décembre il y a vingt ans, quand, ton corps se prélassant au côté du mien après une tumultueuse nuit d’amour, tu avais ouvert les yeux pour surprendre un curieux rayon de soleil s’immiscer dans notre intimité matinale ?

Tu as subitement quitté le lit et ma vie…

J’ai repensé à cette matinée vingt ans durant, interrogeant la lumière, les stores, le lit, les draps, mon cœur désemparé, sur le secret de ce départ fortuit. Vainement !

Aujourd’hui encore, en écrivant cette dernière lettre, je ne saurais répondre à mes questions. Avais-tu besoin de liberté ? Etais-tu à la recherche d’un amour autre que ce que je pouvais offrir ? Ce rayon de soleil t’avait-il rappelé à un autre monde ? Te souviens-tu de moi ?

Une vie à t’attendre…

Une vie à t’imaginer courir et danser. Sourire à des enfants dans la rue. Déguster une glace dégoulinante en t’adossant à l’arbre solitaire du parc.

Une vie à te servir la soupe de potirons que tu aimes tant et attendre que tu la mange avant qu’elle ne refroidisse.

Une vie à te prendre dans mes bras le soir venant, te cajoler, t’embrasser le lobe de l’oreille et te murmurer des poèmes de Khayyam.

Une vie à rêver notre vie. T’imaginer dans les couleurs qui habillent ma maison, le quartier, la ville et le monde entier. Te humer dans chaque épice et te déguster avec chaque douceur.

Que reste-t-il de cette vie aujourd’hui ? Crois-moi très chère, rien que ton doux sourire ancré à jamais dans ma mémoire, quelques écorces d’arbres dans une vielle boite à bijoux et Mozart enchantant une âme solitaire au crépuscule…

Je te fais mes adieux, sans larmes, sans regrets, mais avec un sourire aux lèvres et une douce rumeur de rires enfantins dans le jardin de ma maison…celle qui sera toujours tienne.

Très chère, en te souhaitant, là où tu es, là où tu seras demain et dans une autre vingtaine d’année, le bonheur à l’état pur, celui d’être la destinatrice du premier rayon de soleil, je t’embrasse.

Ton dévoué.

mercredi, février 20, 2008

Colloque
















Blue Face - Cédric Mesnage

- Pourquoi criais-tu si fort ?

- Que t’importe ? Je voulais peut être faire savoir aux voisins que je suis toujours là…en vie.

- Pourquoi es-tu si en colère ?

- Parce que j’aime.

- Tu aime ? Drôle de manière de montrer un amour… et qui aimes-tu ?

- Plutôt qu’aimé-je ?

- Soit !

- Le silence

- Hein ?

- Celui qui suit mes cris. Il ressemble à ces silences de doux matins dans la montagne, quand l’écho de son propre âme prend le dessus sur les murmures de la nature, quand on se sent puissant face à une dangereuse falaise et impuissant devant quelques petites pierres glissantes….quand…

- Quand le manque de sommeil joue de malins tours à ton esprit et te fait divaguer…

- Tu ne comprends pas.

- Et pourtant c’est tout ce que je demandais. Pourquoi es-tu triste ?

- Parce que j’oublie mon être dans la colère et puise mon énergie dans les cris.

- Ce ne sont que des symptômes. Pourquoi es-tu triste ?

- Parce que je t’aime…



jeudi, février 14, 2008

De l'espoir et autres quêtes dangereuses - Laila Lalami

Faten, une fanatique, prêchant la bonne foi, qui se jette corps et âme dans un sombre future. Aziz, un jeune homme au chômage qui laisse femme, mère et ami derrière lui pour embrasser l’espoir d’une vie meilleure...ailleurs et demain. Halima, une épouse battue qui met sa vie et celle de ses propres enfants en péril dans la seule ambition de fuir un mari violant, un présent trop ingrat. Et Mourad, ce diplômé d’université, chômeur, guide touristique improvisé au port de Tanger qui ne cesse d’imaginer son avenir à l’autre côté du détroit. Ce sont là les personnages du premier roman de Laila Lalami ; « De l’espoir et autres quêtes dangereuses ».

Un roman qui relate les histoires de ses quatre personnages par ordre d’importance chronologique, aurait-on tendance à croire. D’abord le présent, ensuite le passé et enfin le future, comme pour virevoleter continuellement autours de cette pensée de Mourad quand « il se demandait s’il fallait toujours que l’on sacrifie la passé pour le future ».

L’histoire commence dans un pneumatique par une nuit lumineuse, traversant le détroit de Gibraltar en direction de Tarifa, à son bord les protagonistes du roman, le passeur et deux douzaines de haraga qui renfermaient en eux certainement d’autres secrets, chagrins et espoirs que suggérait l’écrivain en laissant libre champs à notre imagination.

Des uns qui réussirent la traversée, d’autres qui se virent expulser vers leurs pays et revoilà des espoirs qui renaissent chez les uns et d’autres qui se meuvent en ogres envahissants, tuant tout autre sentiment chez les autres.

Ce roman n’est pas seulement une histoire de gens ordinaires que l’ont pourrait rencontrer à tout coin de rue, mais c’est celle d’un sentiment commun qui fait vivre, ou survire, toute une nation.

 
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