vendredi, décembre 28, 2007

Ils voulaient devenir fous (suite et fin)

Elle roulait vite, trop vite à son sens et il pensait subitement qu’il fallait tout arrêter, maintenant avant qu’il ne soit trop tard.

Il avait aussi l’envie de la serrer très fort, ou plutôt qu’elle le prenne dans ses bras. Il avait peur…

Il l’embrassa.

Un baiser fougueux, passionné, tendre et mitigé.

Il ne pensait qu’à une seule chose, l’envie. L’envie de la prendre. L’envie d’arrêter de rouler et de la prendre, là, immédiatement.

Il sait qu’elle est fragile, délicate et si forte à la fois. Il la savait aussi toute envies et ça le rassurait de voir, dans ses yeux qui brillaient de larmes refoulées, et de sentir, dans ce frémissement qui la saisissait, que la jeune fille qu’il avait connue il y a tant d’années est aujourd’hui ressuscitée, elle est tout en vie…

Ses yeux larmoyaient. Elle essayait de le cacher, de se dérober à son regard scrutateur. En un laps de temps de quelques secondes elle s’est redécouverte. Elle a redécouvert le sentiment, l’unique sentiment qui pouvait faire vibrer son âme et elle en était tellement bouleversée.

Pourquoi diable fallait-il qu’elle le rencontra ce soir ? Pourquoi le cherchait-elle ?

Elle avait vécu le pire, la solitude forcée, l’angoisse et la peur d’être malaimée. Elle avait décidé de dénigrer à tout jamais l’amour et ses faiblesses…et là voilà, encore une fois, brulant d’une passion subite, d’une extase foudroyante. Elle se sentait revivre, dans ses bras, au souvenir de son premier amour…

- Rentrons !

- Qu’est ce qui te prend ? Tu ne veux plus me suivre jusqu’au bout ?

- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée finalement. Arrêtes la voiture ! Je conduis…

- Il n’en est pas question. Tu oublies peut être que pour une fois c’est moi qui dicte les règles du jeu ?

- Ce n’est pas un jeu. En tout cas ce n’est pas amusant. Rentrons, ensembles. Laisses moi te montrer que je peux encore tout arranger…

- Tout arranger ? Mais de quoi parles-tu ? Tu as accepté de me suivre ce soir, jusqu’au bout…

- Je préfère rentrer…

- Soit !

Elle fit demi-tour, l’esprit dans le vide…une seule envie en tête. Le déposer le plus vite possible et reprendre son chemin.

L’air était tendu. Ils gardaient obstinément le silence l’un et l’autre, chacun plongé dans ses réflexions.

Devant chez-lui, il descendit de la voiture et au moment de fermer la portière …

- Je t’aime idiote.

- Tu n’es pas encore prêt pour connaitre le chemin du possible et le mirage de l’impossible. Tu es un mauvais joueur finalement. Je t’ai aimé une fois…mais aujourd’hui je voulais juste me le rappeler.

Elle partit le cœur léger, un sourire rêveur au souvenir d’un premier baiser…un souvenir très lointain, d’un premier amour, de ses vingt ans, de cette soif de découvrir la vie et de savourer ses plaisirs…

Jaillit alors ce rire sonore. Un rire méchant.

N’avait-il pas affirmé jadis qu’elle était un ange qui courtisait avec les diables ?

PS: The end :) (enfin je pense...)

vendredi, décembre 14, 2007

Ils voulaient devenir fous (suite)

En elle le feu s’attisait encore plus. Ses pensées se bousculaient. Cet homme à côté d’elle est le sien. Elle l’a toujours désiré, attendu, aimé...

Il lui appartient en quelque sorte, mais il ne veut pas l’avouer. Elle ferait tout pour lui arracher cet aveu au risque de le perdre à jamais.

Et pourtant en cet instant même ceci n’a plus grande importance. Ce soir elle voudrait plutôt lui faire partager son rêve à elle. Qu’il décide de lui appartenir ou de prendre le chemin opposé du sien cela lui importe peu. Elle veut surtout voir en ses yeux la flamme de cette même folie qui l’anime. Elle voudrait tant devenir son maitre et le mettre sur le premier perron d’une ascension vers l’infini. Elle voudrait tant ébranler ses certitudes, lui faire comprendre que l’important ce n’est pas ce qu’il a mais l’effort qu’il fait pour l’obtenir. Nul résultat ne justifie le moyen, car le moyen, l’initiation, l’apprentissage et les découvertes incongrues à chaque recoin de rue c’est ce qui fait qu’on vie, qu’on est libre. Il n’y aura plus de but, plus de raison pour faire les choses…

« Mais qu’est ce la vie au juste ? Comment vivre ? »
Tiens ! Elle ne veut plus rien de lui, ni aveu, ni amour, ni servitude !
- Dis-moi…pourquoi me suis-tu ?
- Je n’en sais fichtrement rien. Peut être que c’est juste l’envie de voir tes limites.
- Moi je voudrais te faire découvrir les tiennes. Allons, ne m’emballe pas avec de jolies phrases comme à ton habitude. Sois honnête pour une fois.
- D’accord, disons que j’ai envie de t’emmener dans mon lit ce soir…
- Tu es drôle.
- Pourquoi tu dis cela ?
- Parce que tu sais impertinemment que j’irai si tu le propose…tu n’as pas besoin de faire cet énorme sacrifice…
- Un sacrifice que de voir ta folie, la vivre et te redécouvrir ? Aucunement ! Ceci dit, oui c’est vrai…j’aurais pu le proposer tout simplement…mais…
- Je sais que tu n’aime pas la facilité. Comme j’arrive à te comprendre !
- Tu es peut être la seule dans ce vaste monde…

Il dit cette dernière phrase comme en chuchotant. Il avait déjà l’esprit ailleurs. Tout ceci commence à l’épuiser d’ailleurs. L’envie de la suivre, de la prendre dans ses bras, de lui caresser les épaules…et cette attente !

Il attendait le dénouement, guettait le moindre indice sur ses intentions. Elle est belle ce soir, belle et mystérieuse, et l’effort qu’il déploie à vouloir percer le mystère l’épuise…

(A suivre)

jeudi, décembre 13, 2007

Ils voulaient devenir fous

Elle soutint son regard quelques secondes l’air de demander « veux-tu me suivre ? ». Il souriait, ne disait rien.

Elle démarra la voiture, sourit à son tour et accéléra.

Il y avait en elle une envie brulante de lui faire partager sa folie. Le mener au bout de ses angoisses, se griser ensemble au vent de la douce liberté, de la ravageuse envie de voler.

- Veux-tu me suivre ?

- En enfer s’il le faut, mais je préfère encore le paradis

- Arrêtes donc ces répliques toutes prêtes et répond moi. Me suivras-tu ? Sans savoir vers où pourrait nous mener mon délire ?

- Ce n’était pas une réplique toute prête ma chère. Je suis sérieux. Je te suivrais, en enfer s’il le faut, mais…

- Voyons, en es-tu si sûr ? N’oublie pas que je te connais depuis bien longtemps, tu es un peureux au fond.

- Et toi une capricieuse !

- Soit ! Tu veux me faire croire que ce soir, je ne sais pour quelle raison tu éprouves enfin le courage qui t’a tant fait défaut toutes ces années ? Tu veux me faire vraiment croire qu’importe où nous allons, qu’importe ce qu’il en découlera, tu continueras à me suivre ?

- Rien que cette nuit ma jolie. Oui !

- Cela me convient. Rien que cette nuit. Je t’avertis cependant que la démence d’une femme en détresse pourrait t’être fatale. Je pourrais faire de cette nuit la toute dernière…

Il se tut, ne sachant s’il faudrait croire ces paroles ou ce visage angélique et cette expression calme et sereine qui ne l’a quittée depuis le début de la soirée. Son sourire pourrait charmer le plus soupçonneux des hommes. Il sait par ailleurs qu’elle est imprévisible. Une femme qui aime le jeu, le théâtre, le délire. Une passionnée de la vie qui cherche les extrêmes. Une femme qui veut voir la mort en face, la défier, lui afficher à la face son sourire le plus ironique et ensuite lui céder…

- Je te laisse les reines, de cette soirée et du reste s’il le faut.

- Et moi je te remercie pour ta confiance. Je penserais en route ce que j’en ferais.

Elle accéléra d’avantage. Depuis un bon moment déjà elle ne roule plus sur les grands boulevards mais prend des rues de plus en plus étroites, de plus en plus sombres.

La musique de fond commençait à saisir ses sens. Il ne l’avait pas remarquée au début, mais c’était un mélange de rythmes asiatiques et roumains à la fois. Un genre qu’il n’avait jamais écouté jusqu’alors et ceci l’intriguait.

Son visage affichait toujours la quiétude. On dirait qu’elle connaissait bien son chemin, qu’elle savait exactement ce qu’elle voulait faire de cette nuit et qu’elle y avait pensé pendant un long moment.

Il ne pouvait imaginer ce qui se passait dans sa jolie petite tête et surtout il ne le voulait pas car il en avait peur...

(A suivre)
 
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